Quelques semaines auparavant

Avant d’arriver sur Rapa Nui, il en a fallu des kilomètres afin de parcourir plus de la moitié de l’Argentine. Alors …

Seat back, relax and enjoy!

- Arrivée à la gare routière : une heure à l’avance
– Direction : droit sur l’agence de bus Andesmar dans le hall de la gare
– « Hola, que tal ? Tenemos dos boletos para (ville au choix) »
– Retard annoncée par l’agence : une heure, trente minutes ou pas, cela dépend.

- Dans le hall, nous dé-sanglons notre petit sac à dos (celui d’Élodie est fixé directement à la face avant des bretelles du gros sac grâce à un petit système d’anneaux et de petites sangles, c’est franchement astucieux).
– Nous enlevons doucement le gros sac à dos en surveillant bien le petit qui est à terre entre nos jambes – les gros sacs pèsent 16kg et 20kg depuis que nous les avons remplis de tout pleins de souvenirs.
– Élodie replie ses bretelles, son sac est devenu une  vraie valise.
– Nous défaisons le cadenas à combinaison et le rangeons dans notre poche ; ne pas le poser sur le trottoir, on peut vite le perdre.

- Nous sortons le fly bag (un sac à sac très solide) jaune fluo, nous mettons notre gros sac à l’intérieur.

- Nous fixons le cadenas sur l’unique fermeture éclaire du fly bag (c’est l’intérêt que nous lui avions trouvé il y a six mois : pas de poche, pas de sangle, pas d’ouverture de tous les côtés ; pratique pour les soutes)
– Nous tirons sur une boucle pour adapter la forme du fly bag à notre sac.

- Direction : la soute du bus quand celui-ci daigne arriver. Il faut bien surveiller car il n’y a aucun affichage électronique (A la gare de Retiro à Buenos Aires, paniqués, nous avons couru jusqu’à l’agence Andesmar persuadés d’avoir raté notre bus. Il avait une heure de retard et rien ni personne ne le signalait).
– A l’entrée du bus, le chauffeur nous pointe sur sa fiche de contrôle.
– Près de la soute, le monsieur aux bagages – c’est le nom que nous lui donnerons – confirme notre ville de destination, colle un papier à la poignée de notre sac, nous remet un numéro détaché au papier collé à la valise (comme dans les aéroports), numéro qu’il faudra remettre absolument pour se voir restituer notre bagage à l’arrivée.
– Nous glissons deux pesos argentins dans la main du monsieur aux bagages.

Ces gestes, nous les connaissons aujourd’hui par cœur. Nous les avons répétés une dizaine de fois en trois semaines. Nous connaissons aussi désormais la disposition intérieur de nos sacs à la perfection, dans quel ordre ranger chaque élément et les choses utiles à avoir avec soi pour un voyage de vingt heures.

Voyager dans un bus pendant tant heures, cela pourrait être le titre de cet article. Voici un petit résumé du parcours que nous avons effectué en Argentine du 14 Mars au 06 Avril.

L'Argentine c'est grand ! Au total, nous avons avons roulé sur 7 468 km de Puerto Iguazu à Mendoza pendant 108 H 30 !

Voici le détail :

Puerto Iguazu - Buenos Aires 1 650 km (une fois et demie la France à vol d'oiseau !), départ 14h30 arrivée 10h le lendemain

 

Buenos Aires - Puerto Madryn 1 330 km, départ 20h arrivée 15h le lendemain

 

Puerto Madryn - El Calafate via Rio Gallegos 1 530 km, départ 15h arrivée 14h le lendemain (1h d'escale à Rio Gallegos)

 

El Calafate - El Chalten ,215 km, départ 13h arrivée 16h

 

El Chalten - Los Antiguos via Perito Moreno (route 40), 654 km, départ 9h arrivée 21h

 

Los Antiguos - Bariloche vía Perito Moreno (route 40), 872 km, départ 7h arrivée 22h

Bariloche - Mendoza 1 217 km, départ 15h30, arrivée 08h30 le lendemain

Autant vous rassurer tout de suite, nos fessiers se portent à merveille. Un bus argentin c’est un avion sur la route mais en mieux. Les sièges sont plus larges, beaucoup plus moelleux et surtout ils s’inclinent carrément plus.

Siège Semi Cama Andesmar en position verticale

Avec un billet « semi cama » vous pouvez obtenir une inclinaison de 120 degré, ce qui n’est pas très loin d’une couchette. Vous avez aussi un appuie-jambe pour les surélever pendant la nuit. Avec un billet « coche cama », un tout petit peu plus cher, l’inclinaison reste la même mais le siège est en cuire et plus large, c’est comme une très bonne classe affaire dans un avion.

Fabien, pas très réveillé

Mais vingt heure de route, c’est long, il va falloir tuer le temps. Tout d’abord, il y a le paysage, source inépuisable d’émerveillement (… enfin pendant au moins trois heures…). La Patagonie, c’est beau, c’est grand, c’est sauvage. Nous apercevons régulièrement des animaux (des guanacos la plupart du temps). Ensuite, dans les bus argentins, vous aurez deux films, un de 16h à 18h et un de 21h à 23h. Avec la compagnie Andesmar, un goûter est servi à 17h et un en-cas à 13h. A 21h, c’est un vrai plateau repas présenté comme dans les avions qui vous attend mais en plus copieux. En première classe, parmi les boissons proposées, vous aurez le droit à du vin rouge, à volonté.

Élodie, plutôt affamée

Enfin, le moment le plus attendu pour nous est sans conteste le BINGO ! La « tradition Andesmar » (d’après le stewart) veut que chaque soir avant le repas le « stewart » remette à chaque passager une grille de numéros et prenne le micro. Il tire alors des numéros au hasard. Les règles du bingo sont simples, il y en a deux : soit le stewart décide que le gagnant aura rempli entièrement sa grille, soit il y aura plusieurs étape : un premier vainqueur aura rempli une ligne horizontale puis un deuxième vainqueur aura rempli toute sa grille.

Pour gagner son prix, il suffit de crier BINGO ! Ce que Fabien a fait le premier soir où nous sommes monté dans un bus argentins. BINGO ! Le stewart, avec son air très sérieux, apparemment on ne rigole pas avec ce jeu en Argentine, a vérifié la totalité de sa grille. Fabien s’est vu alors remettre une bouteille de vin blanc de Mendoza, bouteille dégustée pour fêter notre arrivée tout en bas à El Calafate en Patagonie après quarante heure de bus réparties sur deux jours.

Nous nous sommes enfin accordé un petit plaisir… Les bus européens ont vraiment beaucoup à apprendre des bus argentins.
Pour un de nos derniers longs trajets de Bariloche à Mendoza, nous avons craqué pour la première classe. Il faut dire que c’est tentant et seulement vingt euro de plus que la « semi cama ».

C’est un vrai canapé individuelle convertible en lit ambulant ! On s’y sent comme à la maison, devant la télévision, mais ici la télé, c’est le paysage.

Champagne à la fin du repas !

Nous sommes très heureux d’avoir fait le choix de parcourir toute l’Argentine en bus, dont une partie de la route 40. Le voyage lent permet d’apprécier les espaces d’un pays, ses contours et les couleurs des plaines et des déserts. Nous avons roulé si longtemps dans la jungle, puis la pampa puis la steppe patagonienne… sans croiser un être humain. En Argentine, la nature est paisible et harmonieuse, chacun y trouve sa place, animaux et végétation, sauf l’homme. L’homme ne peut que survivre ici, il n’a pas sa place. Nous sommes parfois effrayés par cette nature si imposante. Regardez donc une carte d’Argentine : il n’y a pas d’oubli, les seuls noms de ville indiquée sur la carte sont les seuls villes/villages/maison présentes sur le territoire. Si vous ne voyiez ni route ni nom, c’est qu’il n’y a rien. Et parfois rien, cela peut être la taille de la France.

Traverser pendant autant d’heures l’Argentine est magique. C’est l’appel de l’horizon, la soif des grands espaces, l’envie d’aller au bout et de continuer toujours plus loin. Ce pays est gigantesque, nous avons découvert une facette du caractère si fort des argentins.

Comment un vol de 2h20 d’avion nous aurait-il permis d’apprendre tout ça ?

La lenteur de notre route aura été le charme de ce voyage en Argentine. C’est toute une expérience à vivre (parfois dieu que c’est long mais bon… patience) expérience très peu descriptible par des photos… Une photo de la steppe, d’accord, pour vous faire plaisir…

mais imaginez des milliers et des milliers de clichés ainsi pendant des heures aux couleurs changeantes au fil du temps !

__________

Mendoza - Santiago du Chili, 367 km, départ 09h arrivée 15h

 

Ça, c’est la dernière petite route à notre compteur, pour rallier le Chili en fonçant tout droit sur la cordillère des Andes par la route 7.

Nous avons littéralement traversé cette chaîne de montagne pour passer au poste frontalier « El Cristo Redentor » à 3 000m d’altitude, un peu frisquet… Après plusieurs coup de tampon, Fabien a passé un sale quart d’heure, seul, entouré de trois militaires chiliens, le questionnant, le menaçant d’une grosse amende (voire plus) pour…

… une pomme !

Après dix minutes d’entretiens, Fabien expliquant qu’il avait oublié de déclarer ce fruit, ce fruit resté au fond du bus, qu’il n’avait pas un rond sur lui, qu’il était désolé, qu’il était fauché, qu’il avait vraiment oublié, etc., Fabien a pu refaire sa déclaration de douane et repartir dans le bus… sans la pomme.

Ne passer pas au Chili avec une pomme, ce sera la conclusion.

Mais les émotions sur cette route ne s’arrête pas là. Oublié le sale quart d’heure à la douane chilienne, lorsque nous entamons la descente vers le Chili ! Nous sommes à 3 000m et la descente est raide. Nous avons choisis de faire cette route volontairement pour son côté spectaculaire. Vous l’avez forcément déjà vu en photo ou dans un reportage.

la route sur un site de cartographie mondialement connu…

29 virages d'affilés ! (il y en a d'autres avant et après)

 

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déjà 7 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Quelques semaines auparavant”

  1. Juju dit :

    sympa ces bus latinos !!
    bisous

  2. Patchouli dit :

    Ok, plus jamais je ne me plaindrai de mes 7 heures de train pour aller à Paris ! ^^ Petite remarque au passage : nos trains Corail semblent beaucoup moins confortables que les bus argentins ! ^^

    • Fabien dit :

      Le bus Argentin, c’est le top du confort sur roues, alors quelques dizaines d’heures passent… correctement (on ne vas pas dire qu’on en redemande en arrivant tout de même)!
      Le corail a pour lui l’intense moelleux de ses fauteuils, mais aussi cette douce odeur de cigarette froide qui ne disparaitra pas dans le temps, et surtout, si vous avez la chance de voyager en compartiment, le plaisir de converser pendant des heures avec votre voisin de devant qui a décidé de vous tenir la jambe avec des discussions stéréotypées hautement inintéressantes, ou le plaisir du voyage en famille, ou plutôt avec une autre famille, de préférence bruyante et agitée à base de gamins sur-excités et de bébés braillards… enfin c’est mon expérience du corail…

  3. Voyage3 dit :

    Merci infiniment d’avoir partagé votre périple, vos posts sont super;) Au sujet du fly bag, je n’arrive pas à le trouver sur internet. Pouvez-vous me dire où vous l’aviez trouvé ? Merci ;)

    • Fabien dit :

      Merci pour le compliment! Nous avons acheté nos flight bag (j’ai découvert l’orthographe correcte aujourd’hui) chez « Le Vieux Campeur » pour une vingtaine d’euros seulement!

Répondre à voyage3

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