Beijing et la Tour des Tambours

« Comme d’habitude », pourrait-on dire, le train qui nous emmenait de Guilin à Beijing était en retard, de plus d’une heure. Nous avions passé plus de vingt sept heures dans la voiture 09, assis et allongés sur nos couchettes, aux doux numéros de 29 et 31, celles du bas, ce qui nous arrangeait bien avec nos énormes sacs, toujours bien remplis de vêtements, sac de couchage, chaussures, médicaments auxquels s’ajoutèrent les guides de voyages de toute l’Asie, ramenés par Francine et Jacky aux États-Unis, ainsi que les déjà nombreux souvenirs de voyage achetés depuis l’Australie.

Dans le train

Petit-déjeuner : nouilles. Déjeuner : nouilles. Diner : nouilles.

Quand on croise un train sur le quai d'en face…

Quand on croise un train sur le quai d'en face…

Le trajet s’était passé sans encombre, et relativement bien, chacun d’entre nous ayant une occupation pendant la route (enfin la voie ferrée devrait-on dire, huhuhu!), rédiger un article, trier les photos et vidéos, regarder les séries et films que nous avons en stock. Nos voisins étaient loin de nous avoir dérangé, car ils passaient la majorité de leur temps dans le couloir ou à dormir. En entrant, ils avaient tenté un début de communication, en chinois bien évidemment, ce qui n’aidait pas pour notre compréhension. Celle-ci resta lettre morte et vers 18 heure nos compagnons de voyage se séparaient de nous dans une vile où je n’aurait pour ma part pas souhaiter mettre les pieds. En fait, dans l’ensemble, je n’aurai pas accroché aux paysages monotones et grisonnants du centre de la Chine, en tout cas sur la ligne de chemin de fer, tout en sachant que ça n’est pas là que se trouvent les plus belles vues…

Elodie dans le train

Le trajet, malgré tout, était passé relativement vite et nous arrivions à Beijing vers minuit, contents d’en finir avec le train mais un peu nerveux : nous avions rendez-vous avec Paul, une connaissance chinoise (l’histoire est un peu plus compliquée mais simplifions) qui devait nous rejoindre ; problème : lui comme nous ne connaissions le visage de l’autre. je lui avait transmis les références du train et la mention  » Si nous ne te voyons pas, rendez-vous à l’entrée principale », alors qu’évidemment je ne savais même pas si entrée principale il y avait. De son côté, c’était pire, nous confia-t-il : il avait fait le tour des entrées, et avait donné son numéro de téléphone à chaque policier en faction en demandant à l’appeler si jamais il voyait deux étrangers chargés de bagages semblant perdus. Mais, fait incroyable, nous étions les deux seuls touristes en première classe, voire peut-être les deux seuls touristes du train tout court! Alors que nous le train entrait en gare, il me fit un geste à travers la fenêtre, et je lui répondit :
Élodie :  » C’est Paul? »
Moi :  » Je ne sais pas, un gars m’a fait coucou alors je lui ai fait coucou aussi! »
C’était lui.
Nous nous rencontrions, et il paraissait jeune, beaucoup plus jeune que ce que nous imaginions, 24-25 ans peut-être? (On apprendra plus tard : 30 ans), et il nous emmènera à sa voiture en nous offrant des biscuits, du lait, des mugs pour boire et un téléphone pour appeler en cas d’urgence mais aussi être appelés. En route, nous découvrions l’immensité de la capitale, puis, arrivés à destination, l’immensité de l’appartement qui nous était prêté (là aussi je passe les détails). Nous sommes dans un palais! Nous partagerons le repas du lendemain ensemble, mais malheureusement il devra par la suite se consacrer à son travail, et nous ne le reverrons plus avant Shanghai, où il vit, si tout va bien!

Le salon…

Le salon… Déjà plus grand que l'ensemble de notre ancien appartement à Paris!

La chambre royale…

La chambre royale…

…Et l'indispensable bureau!

…Et l'indispensable bureau!

Les jours suivants seront consacrés aux démarches administratives de la capitale (l’aventure vaut son pesant de cacahuètes et aura bientôt droit à son article!) et aux visites de sites. Nos pérégrinations nous mèneront dans des Hutongs, d’étroites rues traditionnelles chinoises (mongoles diront les tatillons) où les véhicules passent souvent avec difficultés, où les maisons sont basses (pas d’étage) et où il est facile de se perdre : on est dans un vrai labyrinthe! Les rues, tantôt vides et silencieuses, tantôt peuplées par les locaux en train de discuter, jouer ou travailler sont un vrai bazar pour ceux qui ne connaissent pas les lieux, et comme nous se retrouvent régulièrement coincés par une impasse!

Des hutongs

Des hutongs…

D'autres rues…

D'autres rues…

Des rues un peu plus étroites…

…Un peu plus étroites…

Au beau milieu de ces maisons entassées – quartiers parfois anciens mais surtout souvent reconstruits « à l’identique » pour faire venir les touristes, se trouvent des tours. La tour des Cloches et la tour des Tambours, deux tours à l’importance capitale dans le rythme de vie de la ville. Ces deux lieux donnaient de manière très précise l’heure aux habitants par le retentissement des cloches et des tambours. Alors certes, de nos jours, l’utilité d’un tel lieu est presque nulle, en revanche il est très intéressant d’assister au spectacle au moment d’indiquer l’heure aux habitants.

Tour Tambour

La tour des Tambours

La tour des Tambours se gravit en utilisant un escalier incroyablement raide, puis une fois en haut présente d’un côté différents instruments permettant la mesure précise du temps qui passe (cadrans solaires, clepsydres, trucs à eau, brûles encens spéciaux…) et de l’autre côté de la pièce une série de tambours de tailles spectaculaires. Sur un balcon extérieur, la vue sur la ville est très belle et permet de patienter jusqu’à la venue des percussionnistes.

Un escalier plutôt pentu

Un escalier plutôt pentu!

Une machine à mesurer le temps qui passe… avec de l'eau!

Une machine à mesurer le temps qui passe… avec de l'eau!

Une vue sur les Hutongs depuis la Tours des Tambours.

Une vue sur les Hutongs depuis la Tours des Tambours.

Nestor, un amateur de musique!

Nestor, un amateur de musique!

Ceux-ci arrivent quelques secondes avant l’heure du « spectacle » puis s’installent pour jouer un morceau millimétré (et  hahaha, chronométré!) à la perfection, avant de s’en aller dans le même silence qu’à l’aller; chapeau les artistes!

Pendant le spectacle

Pendant le spectacle…

Le final

Vous pouvez écouter un extrait du spectacle avec le lecteur ci-dessous!

Toujours dans l’intérieur du deuxième cercle de Beijing (la ville est construite en forme de six cercles concentriques, le premier étant – à peu de choses près – la Cité Interdite, le deuxième cercle étant le coeur historique et touristique de la capitale, etc, et assez près des tours des Cloches et des Tambours, toujours coincé entre des Hutongs, nous irons visiter un dimanche après-midi ensoleillé le Temple Lama, le plus vieux temple Tibétain hors du Tibet, toujours en activité.

A l'intérieur de l'enceinte du temple

A l'intérieur de l'enceinte du temple…

En activité est même un terme faible, en frénésie serait sans doute plus adapté! Des gens partout, des touristes comme nous, mais surtout des fidèles venus prier (pas sûr du tout que ce soit le bon terme, mais méditer parait un peu fort). Partout, l’encens se consume dans des volutes de fumées odorantes, et la dévotion se remarque au nombre de bâtons utilisés pour chaque représentation divine, de Bouddha ou des autres personnes représentées, j’avoue que je n’ai pas révisé mes fiches « religion » avant de pénétrer dans un lieu sacré.

Une ferveur brûlante!

Une ferveur brûlante!

Peu importe.

Une ferveur vraiment brûlante!

Une ferveur vraiment brûlante!

Le temple Lama est sans conteste un bijou, avec ses nombreuses pagodes toutes peintes de motifs superbes aux couleurs chatoyantes, sa taille sans égale dans la ville (les lieux de prière s’enchainent sans arrêt!) mais aussi la passion qu’inspire les lieux pour chacun : des moines viennent de toute la Chine pour y prier, des centaines et des centaines de locaux accourent pour faire de même, et le spectateur, lui, est stupéfait et reste contemplatif de ces cadeaux et demandes faites au Bouddha.

Détails des peintures

Détails des peintures 2

Le templeNous resterons souvent en silence dans un coin, à observer les fidèles prier, méditatifs (…eux comme nous…).
Dans le dernière salle se cache le plus grand Bouddha… en… euh… quelque chose… de mémoire taillé dans un seul bloc d’un bois, de plus de dix-huit mètres de haut, plutôt bien bâti le gaillard, et vraiment surprenant!

encens

Le grand Bouddha

Le grand Bouddha.

En sortant, nous visitons une des nombreuses boutiques du site (vénérer ne s’oppose visiblement pas à faire des affaires, loin de là…), et Élodie craque sur un petit bijou que j’achète. « A partir de maintenant Élodie », lui dis-je, « tu oublies ce que je viens d’acheter, le prix, tout. Il ne s’est rien passé, on a juste visité le temple et il n’y a rien dans mon sac ». Je ne suis pas sûr que cette injonction ait été couronnée de succès et d’effet… Car demain, c’est l’anniversaire de la voyageuse!

La nuit passe et nous voici au 17 septembre. Pour son anniversaire, je laisse Élodie choisir ce qu’elle veut faire en particulier  : ça sera le zoo de Beijing, car on peut y trouver un animal bien particulier. Nous voici partis sur la ligne 4 du métro pékinois, et bientôt devant les portes du parc. Nous commencerons par aller voir les singes, macaques et autres primates, très nombreux, avant de voir les girafes, éléphants et autres animaux inconnus sous nos latitudes.

Singes

Des singes…

Des singes…

D'autres singes…

des zèbres…

des zèbres…

Un tigre blanc…

Un tigre blanc…

La visite est étrange, on est content de pouvoir voir des animaux un peu inédits, mais à côté de ça, on est révoltés de voir les conditions de vie déplorables dans lesquelles on maintient les pauvres bêtes! Cages très étroites, souvent en mauvais état (vitre brisées, cages rouillées, peinture écaillée, voire même absence de lumière dans certains endroits…), on finit écoeurés pour les animaux.

Des girafes derrière une cage…

Des girafes derrière une cage…

Des éléphants dans une cage toute de béton brut…

Des éléphants dans une cage toute de béton brut…

Un seul d’entre eux semble épargné, et ça tombe bien, nous sommes venus presque exclusivement pour lui : le panda bien sûr! Lui (ou plutôt eux) a droit à une cage grand luxe, nourriture à volonté, des jeux pour les exercices, etc. Nous sommes restés un long moment à observer ces gros nounours blancs et noirs courir, s’accrocher aux portes et se nourrir de bambou, en admirant leur pelage. Un moment très agréable!

 

LA star du zoo : le panda géant!

LA star du zoo : le panda géant!

Et bon appétit bien sûr!

Et bon appétit bien sûr!

Le soir, nous essayons d’être originaux et allons dans un restaurant… Thaïlandais! Du vin, des plats épicés (trop peut-être?), des saveurs inédites, nous sommes aux anges. Pendant qu’Élodie est partie pour se rafraichir, je file vers la serveuse et commande une part de gâteau pour y planter, le moment venu, une petite bougie d’anniversaire qui est partie avec nous. J’essaye de faire comprendre à la jeune femme le concept d’anniversaire, mais elle n’a pas l’air de savoir ce que c’est… Tant pis! Notre amuse bouche arrive vite… immédiatement suivi du plat principal! Nous commençons donc le repas avec une table bien pleine, très vite enrichie… par le dessert! Visiblement, le concept de servir les plats au fur et à mesure n’est pas arrivé dans le pays du soleil couchant! Bon, c’est raté pour la surprise du gâteau… Heureusement que son bracelet de perles de bois, lui, est une… hem… surprise… Tout ça ne nous empêchera pas de profiter du délicieux repas ni de souffler la bougie d’anniversaire! Joyeux anniversaire ma chérie!

 

J'suis pas saoule" déclarera cette jeune personne après une demie bière et un verre de vin. Qu'en pensez-vous?

"J'suis pas saoule" déclarera cette jeune personne après une demie bière et un verre de vin. A vous de juger…

Quelques jours plus tard, nous visitions le Palais d’Été, un immense terrain avec des bâtisses impériales, des jardins somptueux sur des collines majestueuses dominant un lac superbe. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à le faire : la foule est bien là, à tel point qu’on a parfois l’impression que toute la ville s’est donnée rendez-vous ici. Les gens se pressent de partout, sur terre comme sur l’eau avec des pédalos.

Palais d'été pour début d'automne.

Palais d'été pour début d'automne.

Nous parcourons quelques bâtiments intéressants, mais nous préférons les jardins, pour profiter du temps parfait pour nous et éviter le gros de la foule, venu en groupes de touristes bruyants et massifs.

Une vue sur le lac depuis les collines…

Une vue sur le lac depuis les collines…

Nous voici donc sur les kilomètres de chemins serpentant entre les collines, constitués pour la majorité d’escaliers reliant les pavillons entre eux.

Escalier et pagodes

Escaliers et pagodes

Ces derniers reprennent souvent une thématique ou une couleur. Le Palais d’Été est vraiment un endroit magnifique, qui était auparavant, et tout comme la Cité Interdite, réservé à l’usage de l’empereur et de sa cour.

Toits de palais et lac de jardin

Toits de palais et lac de jardin

Temple à l'usage de l'empereur

Temple à l'usage de l'empereur

De nombreux endroits reflètent la richesse du maitre des lieux, comme ces ponts, cette coursive de sept cent cinquante mètres de long pour relier deux parties du palais tout en étant à l’abri et en profitant du lac, ou ce bateau de pierre finement travaillé.

Un couloir de sept cent cinquante personnes au mètre carré, euh non, sept cent cinquante mètres de long!

Un couloir de sept cent cinquante personnes au mètre carré, euh non, sept cent cinquante mètres de long!

Bateau de pierre

Bateau de pierre…

Pont
La journée passera vite et il sera bientôt temps de rentrer.

La vie chinoise n’est pas une vie de tout repos, et ici il n’est finalement pas question d’habitude : chaque jour est complètement différent du précédent, chaque quartier une nouvelle découverte. Nous avons eu l’occasion de faire de nombreuses autres choses durant notre séjour en Chine, mais vous allez bientôt le découvrir, et ça pour vous chers lecteurs, c’est sans doute devenu une habitude!
A suivre!

A suivre!

A suivre!

Enfin, nous voulons dans cet article remercie tout particulièrement Paul, Hong Hu, Éliane et Marie-Claire sans qui cette aventure Pékinoise aurait été sans doute beaucoup moins pétillante… Mille merci à vous!

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déjà 2 commentaire, réagissez à ceux ci ou commentez vous aussi à “Beijing et la Tour des Tambours”

  1. Jacky et Francine dit :

    Allier le battement des tambours aux photos des lieux….tout en parcourant la description de cette visite de la tour des tambours…c’est un peu la magie de votre blog pour nous qui sommes redevenus sédentaires…..juste un moment ….

    Jacky Francine

  2. […] 5377 kilomètres en train, dont l’immense Guilin-Beijing et ses 2135 kilomètres et 28 heures à lui tout […]

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