Quand on part en voyage, il est une tradition à laquelle personne ou presque n’échappe, qui fait plaisir au destinataire – enfin on espère – et qui agace les plus jeunes voyageurs : les cartes postales. Une épreuve à chacune d’entre elles, quelque soit la durée du séjour! Déjà, il faut trouver le précieux papier imprimé, et en trouver de bonne qualité! Ensuite, le motif doit convenir au goût du receveur : panorama, portrait ou humoristique, sans oublier que la famille se contacte souvent, alors évitons les doublons, images comme texte, l’écriture des cartes sera difficile, avec des informations qu’il faut diversifier! Mais cette fois-ci, la situation est pour nous un peu différente car… nous sommes dans la carte postale de vos rêves!
Reprenons quelques jours auparavant… Bangkok, ses centres commerciaux, ses pagodes, tout ça on l’a laissé loin derrière nous et nous attendons patiemment nos bagages, sortis les uns après les autres par des « balanceurs », privés de tapis roulant et obligés de tout déposer dans le hall de l’aéroport de Krabi, au sud ouest de la Thaïlande. A côté de nous, un thaï enjoué piaffe d’impatience : il s’agit de Sao, le propriétaire des lieux (que j’ai pris pour un chauffeur de taxi au début…). Après une cohue démente pour récupérer nos sacs, nous sortons tous les trois du bâtiment flambant neuf et partons en direction de notre logement pour la semaine, le « Groovy Bungalows ». Sur le chemin, nous découvrons avec toujours autant de magie de nouveaux pics karstiques. Pas aussi impressionnants que ceux de Yangshuo (en Chine) ou énigmatiques que ceux de la baie d’Halong (au Vietnam), ils révèlent quand même une saveur particulière, celle des films se déroulant sur des plages superbes surplombées par d’immenses rocs escaladés par les plus aventureux… Un parfum de vacances donc! Les choses se confirment d’ailleurs assez vite en arrivant : accueil tout sourire de Jee, la femme de Sao, une piscine sympathique, un bungalow comme on peut en rêver, mais en mieux (car bien réel) et deux éléphants dans le lit.
On s’installe vite-fait, et après quelques mises au point on enfourche un scooter semi-automatique (une pédale pour démarrer, les autres pour les vitesses) pour partir repérer les environs avant la nuit tombée. Un 7-eleven – l’épicerie locale, à presque tous les carrefours – un virage, une boutique avec des déco de noël, un virage, et au bout… La mer d’Andaman aux teintes turquoises reflétant un soleil couchant au halo mordoré. Les vaguelettes crées par les « long-tail boats » au loin viennent s’écraser mollement sur un sable d’une finesse rare, à la couleur ivoire. L’instant magique où l’astre solaire finit sa course en plongeant dans l’horizon tacheté de pics calcaires. Comment ne pas résister au plaisir de rester là et d’admirer?
La nuit tombée, nous repartons vers le « centre » touristique d’Ao Nang, la station balnéaire où nous séjournons. L’artère principale me fait incroyablement penser à la rue commerçante de Saint Jean de Monts, où j’ai passé la plupart de mes étés, avec ses successions de petits restaurants, boutiques identiques de souvenirs locaux et de gadgets divers « à bas prix » – et boutiques de change de monnaie, beaucoup moins courantes dans les rues Montoises. Nous irons nous attabler dans un restaurant de rue, car le rapport qualité-prix dans les restos « en dur » parait mauvais (comprenez : il faut payer une fortune pour manger correctement) avant de rentrer pour enfin nous reposer, la tête encore emplie de ce coucher de soleil… Les jours suivants s’écouleront avec un rythme plus serein, entre cours de cuisine thaï pour Élodie, rédaction d’article pour ma part (malheureusement pour moi, ils ne tombent pas tout prêts…), et menus achats pour Noël… car le réveillon approche à grands pas!
Nous sommes impatients, non pas du soir du 24 (enfin, un petit peu quand même, pour parler à nos parents sur Skype), mais du lendemain, quand notre cher Père Noël nous apportera, enfin, après des semaines d’attente, Olivia, cadette de la fratrie Morisson, accompagnée par son chéri Thierry. Impatient est sans doute un terme trop faible, pour Élodie, qui bouillonne sans arrêt : préparer leur arrivée, décorer (un peu) leur bungalow avec des (petits) cadeaux, commander un (gros) repas de fête auprès de Jee, échanger de (très nombreux) mails de dernière minute!
Le réveillon se fera dans un restaurant de fruits de mer, une folie budgétaire pour nous (merci papa et maman)! Nous essayons de nous changer les idées le temps d’un soir, dégustant des mets qui nous permettent de varier des soupes « tom yam » (une soupe thaï un peu épicée), riz et nouilles sautés, et entre deux bouchées de gambas nous regardons des lampes flottantes s’envoler au loin, créant de manière magique une nuit encore plus étoilée qu’initialement…
Le jour de Noël, nous décidons – sans doute comme la majorité de nos lecteurs – de visiter les différentes banque d’Ao Nang pour changer des Baths Thaïlandais en Dollars US : dans peu de temps (mais ça, vous le savez déjà) nous allons au Myanmar, où aucun distributeur de billet n’était disponible jusqu’à début 2013 (maintenant si, mais si peu nombreux que mieux vaut ne pas trop y compter). Nous devons donc nous procurer de quoi vivre à deux (logement, déplacements, nourriture, visites, souvenirs et autres, autant dire une somme conséquente), le tout avec des billets plus qu’impeccables : ni marqués, ni déchirés, ni usés, sans marque de pliure… même pas froissés – sans compter certaines séries de billets qui sont carrément refusées! Après de nombreux essais infructueux, nous abandonnons, car aucune banque ne semble être en mesure de nous fournir les précieux billets verts dans l’état ou la quantité désirée (mais rassurez-vous, on ne fait pas tout en un bloc!), alors nous irons nous réfugier sur la plage, pour nous dorer la pilule et patienter jusqu’au soir…
Dix neuf heure vingt cinq le même jour. Élodie, une pancarte à la main, attend impatiemment devant la porte de sortie de l’aéroport, à côté d’une bande de Thaïs qui sont équipés de la même manière, et qui plaisantent avec elle (pour savoir quel est cet hôtel qui embauche des occidentaux) et Sao – qui comme à son habitude rigole énormément, avec eux cette fois-ci. L’avion d’Olivia et Thierry est bien indiqué comme atterri, mais que font-ils? Une minute passe, puis cinq, puis dix… et enfin des voyageurs sortent, de plus en plus nombreux…
Des visages connus apparaissent soudain dans l’encadrement de la porte. Élodie explose de joie, bientôt rejointe par sa soeur, et Thierry un peu plus loin. Le moment est intense. Quelques porteurs de pancartes qui plaisantaient avec nous quelques minutes avant applaudissent, et tous sourient de les voir se tenir, larmes aux yeux, bras dans les bras. Après les retrouvailles, nous quittons tous ensemble l’aéroport pour le Groovy, où un délicieux repas Thaï concocté par Jee nous attend.
Dès l’après-midi suivant, nous partons tous les quatre pour Railay, une superbe plage de sable blanc d’une finesse rare, où les plagistes croisent les marins allant dans les caves sacrées et les grimpeurs escaladant les falaises. Nous resterons sans voix devant une telle mer chaude, translucide, transpercée par les pics proches et lointains, séparée du reste de la Thaïlande par ces même récifs qu’il faut contourner en bateau à fond plat et à hélices amovibles, les « long-tail boats ». Un paradis terrestre, déjà, et une lumière qui passe du blanc cru, en journée, aux teintes orangées en un instant, créant cette atmosphère magique, unique… carte postal-èsque!
Mais il n’y a pas que des plages dans ce coin du monde ; parmi les autres activités on compte aussi la chevauchée d’éléphants! Un exercice qu’on avait déjà testé dans le Ratanakiri, la région nord-est du Cambodge, mais une première pour les amoureux qui nous accompagnent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils étaient taquins les pachydermes! Faire la course entre eux, aller dans l’eau, marcher en arrière, bravo les « petits », vous êtes très doués. Mais ça n’est pas une raison pour manger Élodie, d’accord Naomi?
Après toutes ces émotions, nous filerons un moment dans des sources d’eaux chaudes – encore plus chaude que la mer, si si c’est possible – avec ce double avantage de ne pas avoir d’odeur (contrairement à celles du Sud Lipez en Bolivie, du Cañon de Colca au Pérou où d’Arenal, au Costa-Rica) et d’être directement dans le lit de la rivière (aménagé, certes), pas dans un bassin. On passera un moment à papoter, regarder les touristes, le corps au chaud dans l’eau transparente, jusqu’à ce que ça chauffe un peu trop pour nous, déjà que la température extérieure est élevée… Allons vite nous rafraichir!
On s’oriente vite vers un lac superbe, quelques kilomètres plus loin : « Emerald Pool », « la piscine émeraude », un bassin d’eau douce à la couleur unique, entre le vert et le bleu. L’eau est tempérée et s’écoule lentement depuis un second bassin, situé un peu plus haut ; ce dernier est pour le moins surprenant : si celui du bas a une couleur (presque) naturelle, celui-ci porte bien son nom : « Blue Lagoon », le « lagon bleu » ; je n’avais jamais vu de lac d’une couleur intense bleu « Canard WC », due à la présence – d’après un panneau – de CaCo3 (avis aux chimistes). Et si nager dans Emerald Pool a été très plaisant, je pense que se tremper dans l’autre nous aurait probablement fait fondre – en tout cas, transformés à vie en schtroumphs. Une chose est sûre, c’est que toutes ces eaux, traversées en l’espace d’une journée, nous auront emballées!
Hélas, trois fois hélas, il nous faut trop vite partir des piscines naturelles, mais aussi d’Ao Nang, et nous séparer de Jee et Sao, qui nous auront vraiment permis d’avoir un séjour super dans la région. Le voyage continue, cap au sud! La destination : Koh Phi Phi. Cette dernière est une île perdue dans la mer, et après deux heures trente de trajet (dont une heure à attendre à quai les retardataires) nous apercevons un coin de paradis : deux petites îles recouvertes de forets verdoyantes reliées entre elles par un isthme sablonneux coupant net une mer translucide : Phi Phi. Alors, forcément, encore une fois, comment résister?
Ces images qui vous font rêver – qui nous font rêver même sur place – on les a vu de nos propres yeux, on a caressé l’eau frémissante de la main, on a foulé un sable si blanc qu’il en est éblouissant, on a vibré avec les vagues et les courants, on a frémi avec les poissons virevoltants à quelques centimètres de nos pieds, on a rêvé avec ce décor presque irréel tant il irradie de beauté… Oui, vraiment, nous sommes dans une carte postale parfaite!
Pour avoir révé au fil de nos différentes destinations, une fois de plus le miracle des photos, de la lumière, des couleurs, du commentaire nous fait ressentir ces retrouvailles familiales comme si on les vivait …en souhaitant qu’un jour nous serons tous réunis dans un nouveau pays lointain ….
Jacky Francine
Samedi dernier (19/01/2013) je vous ai envoyé un e-mail à fabien.and.elodie@2ci2la.fr – L’avez-vous reçu ? J’aimerai recevoir votre réponse pour donner suite à mon projet de « petite contribution ». A vous lire.
Fanny
Une carte postale, c’est peu de le dire ! La région de Krabi, avec ses eaux turquoises au milieu de tous ses pics karstiques, est une véritable petite perle, tous ses paysages sont gravés à tout jamais dans ma mémoire ! Je me souviens encore des petites larmes qui se sont échappées derrière mes lunettes de soleil sur le bateau nous menant à Ko Phi Phi devant un tel spectacle, après tant de mois d’attente nous y étions enfin, que d’émotions !!! Ce furent de merveilleuses retrouvailles dans un décor magique et comme l’expriment si bien les parents ce serait tellement fort de tous se réunir à nouveau dans un pays lointain… Olivia