Si il y a une chose qu’on peut dire sur le Japon et nos enfances à tous, jeunes adultes du XXIème siècle, c’est bien qu’il a rythmé nos journées, et de nombreuses manières… Dès le matin, avec les innombrables dessins animés venus du pays du soleil levant, Dragon Ball, Olive et Tom, Les Chevaliers du Zodiaque, Nicky Larson, Sailor Moon, et tant d’autres encore! En allant à l’école, walkman ou lecteur CD Sony en poche, en cours avec nos calculatrices Casio – et les Tamagochis qu’il fallait bien élever, école ou pas… En rentrant de cours, même histoire, jouer à Mario, Sonic, Pokemon ou Zelda ou sur la Nintendo, la Sega ou la Playstation, puis regarder d’autres animés… sur nos télévisions Sony, Sharp, Panasonic (… pas Samsung, qui est Coréen). Et même maintenant, regardez autour de vous et vous aurez des chances de voir un produit venu du Pays de Soleil Levant, votre appareil photo Canon, Nikon ou Fuji, votre guitare et l’ampli Yamaha, la tondeuse Honda rangée à côté du taille-haies Mitsubishi, sans compter la Toyota du voisin et sa nouvelle moto Kawazaki dont vous êtes secrètement jaloux (allez, ne mentez pas, on vous connait…) Et donc nous partions pour la capitale du pays qui a vu naitre tant de produits qui sont autant de souvenirs heureux pour nous (enfin, particulièrement moi, avec mes innombrables jeux vidéos, mangas et « japanimations » à la maison!).
Nous étions depuis un peu plus d’une heure dans le Shinkansen - le train commercialement exploité le plus rapide du monde un des plus rapide du monde (les chinois sont passés par là il y a peu), un train à l’allure folle, tant par son aspect futuriste que par sa vitesse, à en être collé au siège, et la ville de Kyoto semblait ne jamais avoir disparue, les maisons s’enchainant inlassablement depuis le départ. Les horaires, parfaitement maîtrisés sont annoncés par une voix féminine, qui déclara l’arrivée à Tokyo imminente.
Tokyo.
La plus grande ville du monde, enfin selon certaines méthodes de comptage. Et le réseau de transport urbain le plus compliqué du monde aussi, nous avait-on promis. Promesse exaucée! Réseau JR (l’équivalent de la SNCF), Toei, Tokyo Metro, JR Yamanote, Toei Streetcar, Express SkyTree, Tokyo Monorail, ainsi qu’une ribambelle d’autres compagnies de transports urbain sont imbriqués dans l’hypercentre de la mégapole, et on a l’embarras du choix (ou plutôt le choix de l’embarras comme dirait mon papa…) Inutile de dire que sans explication il est impossible de s’y retrouver dans ce capharnaüm, les compagnies étant privées et relativement peu connectées entre elles : Toei et Tokyo metro sont des métros sous-terrains du centre ville autour desquels gravitent les autres sous-compagnies. JR est la compagnie qui gère les trains du genre RER mais aussi centraux de la ville. Pour rajouter du piquant à cette histoire, les tarifs varient du simple au quintuple en fonction des gares de départ et d’arrivées, avec en bonus l’obligation d’acheter un nouveau ticket parfois même entre deux lignes de métro! Bref, une profusion bien compliquée de moyens de déplacements.
Mais il faut bien tout cela pour transporter les quelques trente et un millions de Tokyoïtes ! [treize millions pour la ville seule, trente et un pour l’ensemble du bloc urbain]. On craignait sincèrement d’être pris en sandwich entre deux locaux, tassés avec sacs et souvenirs par un « pousseur », une personne chargée d’entasser un maximum de personnes dans les wagons, ce qui s’est avéré être une « légende urbaine » – pour nous en tout cas, qui avons arpenté les couloirs des stations les plus fréquentées… aux heures de pointe! Ce qui est vrai en revanche c’est l’extrême rigueur appliquée sur les quais : des files d’attente tracées au sol que chacun respecte scrupuleusement, des zones « second train » pour attendre si les files d’attente sont pleines, des gens qui attendent que tous les passagers descendant soient sortis pour entrer, des lignes parfaites pour entrer et un silence absolu (sans doute pour laisser dormir tous ceux qui ont pu s’asseoir et qui se sont directement endormis, et autant dire qu’ils sont nombreux!) : les français et les chinois peuvent en prendre de la graine!
Il n’y a pas que sous terre que les Tokyoïtes sont exemplaires : les feux tricolores et piétonniers sont parfaitement respectés, et il ne viendrait sans doute qu’à l’esprit d’un fou – ou d’un occidental – de traverser sans avoir l’aval de la signalétique. L’exemple le plus frappant qu’il nous ait été donné de voir est certainement le très célèbre passage clouté de Shibuya : ici, toutes les minutes, près de trois mille personnes traversent la chaussée dans une discipline de fer. Impressionnant. Presque inquiétant.
Impressionnant est aussi un bon qualificatif pour ce même quartier : tout en hauteur et en design, loin des vertigineux buildings New Yorkais mais beaucoup, beaucoup plus nombreux, ils occupent quelques secteurs de la ville, et nous nous en rendrons mieux compte en nous rendant aux quarante septièmes étages des tours nord et sud du Tokyo Municipal Government building (ou Tokyo City Hall pour les intimes), un grand immeuble de la ville – mais à l’ascension gratuite! D’en haut, la vue sur la ville est splendide, et l’avantage de deux tours est qu’on y passe pas mal de temps ; nous verrons donc la ville de jour et en soirée… Et quelle ville : de quelque côté que se soit, on n’en voit pas le bout, si ce n’est côté montagne, où les contreforts du mont Fuji (dans les nuages, comme à son habitude dit-on) bloquent l’extension d’une ville qui n’a pourtant plus besoin de ça!
Certaines quartiers sont plus fournis en buildings que d’autres ; les grandes zones que nous avons pu identifier sont : Shibuya, le quartier des affaires, Shinjuku à l’est, le centre administratif de la ville ( ou se trouve le Tokyo Municipal Government building), Ikebukuro, un immense centre commercial, Ginza, la « 5ème avenue » de Tokyo, et Roppongi, une « ville dans la ville », ainsi que le Tokyo Sky Tree, une tour gigantesque à Sumida, isolée de tout autre bâtiment d’envergure.
Il y a bien d’autres quartiers mais on ne va quand même pas établir une liste exhaustive… On pourrait tout de même supposer que les grattes-ciel n’ont que la prétention d’en être mais cela est faux, avec une preuve en images…
Cette tour vous dit quelque chose? C’est normal. La Tokyo Tower a pris pour modèle la Tour Eiffel, en y apportant tout le raffinement des années 50, ainsi que huit mètres de plus que la version française (333 au japon, 325 en France) et pourtant elle fait bien pâle figure face aux immeubles qui l’entourent!
La Tokyo Sky Tree Tower, elle, ne laisse pas douter de sa taille : visible quasiment d’un bout à l’autre de la ville, elle la domine du haut de ses vertigineux 634 mètres de haut. Elle est grande, elle est belle, elle est toute neuve, inaugurée au printemps dernier, nous aurons eu la chance de la voir au sommet de sa gloire ; on ne montra pas à son point culminant, la somme demandée pour y parvenir atteindra, lui aussi, des sommets inaccessibles pour notre pauvre portefeuille…
Des sous qu’on aura pas dépensé… Non… Nooooooonnnnnnnn… On les aura engloutis littéralement dans des souvenirs car, ne nous mentons pas, le Japon est le pays ou nous voulions TOUT acheter, tant les objets sont beaux (pour certains), intelligents (pour certains) et surtout très gadgets (pour beaucoup, et si vous saviez à quel point j’adore ça, tout ce qui est inutile m’est indispensable!). Tokyo ressemble d’ailleurs parfois à un immense centre commercial, où tout est trouvable, le meilleur comme le pire reste, mais toujours accueillis avec un sourire (vrai ou forcé) et un « Irashimase!!! » (les trois points d’exclamation s’imposent, la phrase étant répétée à l’unisson par les vendeuses pour nous souhaiter la bienvenue (et qu’on trouve notre bonheur dans la boutique afin d’y dépenser un maximum de yens, et dieu sait que c’est facile!)). Et si un compteur à « Irashimase »/minute existait, il pointerait certainement dans la direction Ikebukuro, avec son temple de la consommation de… soixante étages au doux nom de Sunshine City! Vous ne rêvez pas (surtout les filles!), nous y sommes allés et… ouah!
Déjà, les rues alentours annoncent bien la couleur : des magasins, des magasins et encore des magasins, et cette tour devant nous… Pour accéder au centre, on passe par un long couloir sous-terrain qui débouche sur un point d’information qui délivre des plans des boutiques : pratique, surtout quand, comme nous, on recherche des objets précis! Nous ne parcourrons « que » les quatre étages de commerces, déjà conséquents, et passerons notre chemin devant la salle d’arcade sur deux niveaux, l’aquarium du dixième étage (avec ses lions et éléphants de mer), le planétarium, le complexe cinématographique, l’hôtel de luxe, les restaurants des 58 et 59ème étages ainsi que le pont d’observation du 60ème étage… Bon d’accord, entre le bas et le haut il y a aussi des bureaux, mais on ne va pas chipoter pour quarante petits étages!
Les habitants du quartier de Roppongi Hills ne devraient pas, en théorie, avoir besoin de se déplacer à Ikebukuro, bien plus au nord, car Roppongi Hils a été conçu de sorte à ce que les personnes y vivant n’aient pas à sortir (enfin, pas trop loin ni trop souvent) : habitations, commerces, cinémas, jardins, musées, radio locale, restaurants et bureaux ont été reliés entre eux par des passages couverts ; un programme long : dix sept ans de la conception à l’inauguration, surprenant, nous avons passé quelques heures à déambuler sous ces allées vitrées, mais coûteux aussi, quatre milliards de dollars US pour financer la construction des lieux : les prix à l’intérieur s’en ressentent d’ailleurs et ce n’est pas ici qu’on mangera!
Enfin, ce n’est rien face à la délirante « 5ème Avenue » de Tokyo, incarnée par le quartier de Ginza! Ici, entre Dior, Cartier, Dolce et Gabbana, Lacoste et consorts, même les hamburgers valent de l’or! Les quelques avenues du coin se disputent la palme de la plus élégante, et les immeubles rivalisent donc d’imagination et de style pour être mis en valeur au milieu des autres.
Évidemment, ici, tout est beau, tout est propre, et les plus grandes marques tentent par tous les moyens de s’y installer et d’attirer autant de clients potentiels que possible. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés devant un mastodonte, un géant de l’électronique moderne, l’inventeur du Walkman, du Compact Disc (le CD quoi), du tube Trinitron, de la Playstation, un incontournable de l’audiovisuel mondial pour les écrans, les caméras, les magnétoscopes, les cassettes, non, pas les cassettes, elles sont un peu pourries : Sony. Alors, pourquoi ne pas aller jeter un coup d’œil à toutes les nouveautés de la marque en libre accès à l’intérieur?
Nous expérimentons le plaisir de jouer à la nouvelle console portable de la marque (un jeu de golf pas passionnant, mais les japonais semblent fans), toucher aux nouveaux appareils photos et caméras de la marque, regarder des vidéos en haute définition, en trois dimensions… et en « ultra haute définition »!
Au huitième étage, là où personne ne s’aventure (il faut prendre un obscur ascenseur), toute une mise en scène a été faite pour présenter ce que sera la télé de demain (…disons après demain au train ou vont les choses), et on va en prendre plein les yeux! Par contre, nous allons devoir trouver un logement de taille conséquente pour y loger la télévision 4K (Ultra haute définition quoi) de cinq mètres de diagonale sur laquelle j’ai expérimenté le prochain Gran Turismo (les amateurs comprendront, pour les autres, disons que c’est la référence du jeux vidéo automobile)!
Vous l’aurez peut-être deviné a la lecture du paragraphe précédent, je suis un drogué de nouvelles technologies, et ce plongeon dans le berceau de celle-ci m’a beaucoup emballé, au déplaisir d’Élodie qui aurait peut-être aimé passer un peu moins de temps à marcher dans la ville, à la recherche de pépites à ramener dans le vieille Europe, et en particulier dans le quartier d’Akihabara, la Mecque du jeux vidéo : ici, sur des kilomètres d’avenues, des boutiques s’enchainent sans interruption pour vendre tout ce qui à trait aux plaisirs vidéoludiques, consoles neuves ou d’occasion, jeux, posters, figurines, et bien plus encore : on a même vu un nombre incalculable de magasins vendants des… photos de jeunes adultes (vêtues, ho, pervers!)… et c’est tout – je regrette de n’avoir pris aucune photo des lieux tiens. Autant dire que la population locale est très « addict », mais ne se costume pas comme ses personnages préférés, pas comme à Odaiba!
Ce coin un peu reculé de la ville a été gagné sur la mer, et comme à beaucoup d’endroits, il regorge d’activités diverses. Nous irons par une belle journée sur le front de mer, l’autre limite (avec les montagnes) à l’extension de la ville, pour avoir un aperçu plus « éloigné » de celle-ci… Et quelle ne sera pas notre surprise de croiser une personne que nous avons déjà rencontré il y a quelques mois… à New York!
Par la suite, nous irons dans différents lieux pour découvrir par exemple le Toyota Center, où on peut essayer tous les derniers modèles de véhicules et même rouler avec sur une piste d’essai interne (mince, j’ai oublié mon permis de conduire!) et aussi un lieu de détente des jeunes japonais : les salles d’arcades, et ici on ne rigole pas : les jeunes s’entrainent pendant des heures sur leurs jeux préférés, des plus simples (appuyer sur le bon bouton au bon moment) aux plus pointus, dont les fameux jeux de danse, qui sont pris d’assaut par des files d’adolescents répétant inlassablement des chorégraphies tortueuses qui pourraient être exécutées par des professionnels sur scène!
Mais ce qui surprend nécessairement, ce sont les habits portés par les joueurs : ils sont déguisés à l’image de leurs stars préférées, et contrairement à nous, leurs stars sont parfois issues du monde du jeux vidéo et des mangas (le bandes dessinées japonaises), ce qui donne des accoutrements et des couleurs de cheveux qui sortent de l’ordinaire! On appelle ça du « cosplay » (costume-players) et c’est répandu au point que plus personne ne s’en inquiète dans la rue… Si nous avons été marqués par les jeux vidéos et les dessins animés, eux ont été complètement imprégnés, absorbés par cet univers parallèle au notre…
C’est sur cette image que nous quittons le Japon. Pays quasi schizophrène, avec d’un côté l’ultra-technologie poussée dans ses derniers retranchements, un pays immense mais qui se traverse en quelques heures, des sociétés qui influencent le monde entier, des jeunes qui vivent plusieurs vies dans une seule, à qui on en demande toujours plus (22 heure est l’heure de sortie des cours additionnels, nous l’avons vu de nos yeux), un pays qui va de l’avant, tout en essayant de garder des valeurs qu’on aimerait être nôtres, respect envers chacun avec une extrême politesse, respect aux morts, avec un culte dédié soutenu, connaissance des traditions millénaires qui soudent le pays, entraide et curiosité pour les autres. Si il ne tenait qu’a nous, nous serions restés beaucoup plus longtemps dans ces îles, mais le manque de temps et de moyens financiers nous poussent à avancer. Dix huit jours au pays du soleil levant que nous attendions, qui nous ont surpris, qui resterons dans nos mémoires, des souvenirs qui viendront donner un relief différent à nos enfances, et au monde qui nous entoure, avec un regard nouveau sur celui-ci. Même au moment de l’enregistrement de nos vols à destination du Vietnam, on comprend qu’on est dans un endroit particulier : un homme nous aura cherché dans tout le terminal pour nous remettre un sac de tissu (vide) que j’avais oublié, et l’hôtesse au sol est d’une politesse rare, et s’excuse, encore et encore, du temps que prend l’enregistrement, car…
Tout ces noms qui résonnent, ces plats, ces atmosphères, ces anecdotes ( celle du sachet vide est très représentatif du Japon!! ).
Je me demandais si vous étiez passés a Yanaka ?
En tout les cas, c’est un vrai plaisir de lire vos aventures!
Des bises.
Aurélie
Ah la la, le Japon, quel pays incroyable, tellement loin de nos contrées occidentales! Nous avons été conquis, fascinés par l’attitude et la façon de penser des habitants. Yanaka n’a pas fait partie de nos destinations, mais il y a tellement à voir et si peu de temps pour le faire…
C’est toujours une joie de relater nos dernières aventures, merci de nous faire savoir que le plaisir est partagé!
Des bises! Élodie et Fabien