Le riz est l’aliment de base dans la majeure partie de l’Asie et de nombreux autres pays, où il nourrit chaque jour environ 2,6 milliards de personnes pour qui il représente la plus importante source d’énergie et d’emploi. Mais en Thaïlande cette céréale essentielle qui occupe près de dix millions d’hectares, soit la moitié de la surface agricole utile du pays, n’est pas seulement consommée, elle est véritablement vénérée lors de cérémonies faisant partie intégrante de la culture nationale. Plus qu’ailleurs sans doute, dans ce royaume le riz c’est bien la vie ! On s’y salue encore le matin en se demandant si l’on a mangé son riz ou pas encore. Et dans ce dernier cas, c’est que la journée commence plutôt mal !
En Thaïlande, la déesse du riz se nomme «Mae Phosop», elle peut donner la vie. Mère Phosop est protectrice, comme toutes les mères, mais elle donne son corps et son âme à la rizière. Convaincus que le riz est essentiel à leur survie, les thaïs ont de tout temps organisé des rituels à différents stades du cycle cultural afin de démontrer leur profond respect et leur gratitude envers Mae Phosop. Sa protection devant éloigner les calamités et apporter santé, richesse et prospérité, tous les foyers lui rendent hommage.
L’influence fondatrice du riz n’est pas seulement ressentie au niveau du peuple, les autorités et même le roi s’en préoccupent. Une des fêtes les plus colorée en Thaïlande est la cérémonie des semailles royales qui a lieu chaque année au début du mois de mai. Cet ancien rite est organisée à Bangkok sur la vaste esplanade publique faisant face au Grand Palais. Il vise à motiver les riziculteurs et à produire d’abondantes récoltes.
Ainsi, le riz est l’aliment de base des thaïs depuis plusieurs milliers d’années. Il sert à accompagner les plats à tous les repas, à la confection de coupe-faim, de desserts et même de boissons. Le terme le plus couramment utilisé pour dire «manger» est «kin khao» (manger du riz). Par ailleurs, comme le riz ne saurait être négligé, la cuisine thaïe a créé plusieurs techniques de cuisson permettant de recycler le riz non consommé lors des repas. Et quand les temps sont durs, on ne saurait gaspiller ce grain si précieux !
Ainsi est né l’un des plats thaïlandais le plus connu hors du pays : le pad thaï. Il était même devenu le plat national de la Thaïlande suite à la récession économique qui a touché le pays après la Seconde Guerre mondiale ! A cet époque, le gouvernement tente de réduire la consommation de riz par les habitants, faute d’avoir les ressources suffisantes pour nourrir tout le monde. Il lance alors une campagne pour la production de « pâtes de riz » et distribue la recette à travers tout le pays. Le pad thaï est né : des nouilles sautées à base de farine de riz. Pour fabriquer ces nouilles, il fallait réduire en poudre le riz puis mélanger la farine obtenue avec de l’eau ; c’est beaucoup moins gourmand en marchandise effectivement.
Mais l’objet de cet article n’était pas tout à fait le riz…
Avez-vous remarqué comment mon récit glisse doucement vers une des spécialités m’ayant passionné pendant tout mon voyage en Asie ? Les pâtes bien sûr ! Chaque pays a donc sa propre spécialité. En Chine, vous aviez pu découvrir la recette des nouilles sautées et au Vietnam, vous aviez découvert le « Pho », une soupe nationale rassasiante aux herbes fraîches.
Aujourd’hui, je vous propose donc de découvrir LA façon dont les thaïlandais mangent les pâtes (de riz naturellement) !
Ces derniers jours, j’ai pu lire quelques blogs de cuisine proposant la recette du pad thai. Pour être honnête avec vous, j’ai été un peu déçue. Soit personne n’a pris de cours de cuisine directement dans ce pays, soit les thaïlandais expatriés ont juré de ne rien dire… et de garder secret leur mystérieuse recette. Elle n’est pourtant pas compliquée et je vous promets que celle que je vous dévoile aujourd’hui est authentique (en tout cas, c’est ce qu’on m’a vendu).
Afin de continuer ma ronde des cuisines du monde, je ne pouvais entrer en territoire Siam sans faire un tour en cuisine avec un bon professeur thaïlandais. Ce dernier sera une jeune femme au joli sourire, prête à me confier le moindre secret de ses épices, ses herbes aromatiques et de ses sauces fermentées. La cuisine thaï est raffinée, parfumée (oh oui !) mais un autre point surtout, ce sont les femmes qui s’en occupent. Le mieux reste de goûter la cuisine thaï dans la rue lorsque les wok résonnent sur les trottoirs et que votre cuisinière ne parle pas un traitre mot d’anglais.
Ah ! J’avais oublié de préciser : depuis que nous sommes rentrés, je dois régulièrement faire un petit tour aux Chinatown de France afin de remplir mes placards de sauces mais surtout pour assouvir nos besoins en… riz ! Nous achetons aujourd’hui un sac d’un minimum de 5 kilos car plus petit, eu… c’est trop petit. Le voyage marque, même dans les habitudes alimentaires. J’en connais d’autres qui ont vécu ça.
Assez parlé, je vous livre ma recette…
Pour 2 personnes :
Ingrédients :
200 g de nouilles de riz plates
100 g de haricot mungo (pousse de soja)
50 g de tofu ferme nature
6 crevettes crues (ou rien du tout, comme la recette originale)
2 gousses d’ail
1 œuf
2 tiges d’oignons nouveaux
2 cuillères à soupe de nuoc mam (sauce de poisson, à ne pas confondre avec la nuoc cham – mélange pour nem)
2 cuillère à soupe de sauce chili douce
4 cuillères à soupe de sauce soja
Quelques rondelles de concombre
Une poignée de cacahouètes
1 citron vert
Sucre
Huile
Recette :
Pour cette recette, vous allez sûrement devoir rejoindre un magasin asiatique car les produits – bien que démocratisés dans nos supermarchés français – seront de meilleures qualités là bas (et moins chers).
Faite ramollir les nouilles de riz dans un grand bol d’eau chaude pendant 20 minutes.
Décortiquer les crevettes et couper en petits cubes le tofu. Presser avec une lame de couteau l’ail avant de l’émincer pour révéler plus d’arômes.
Chauffer 2 cuillères à soupe d’huile dans un wok ou une casserole ronde très large. Faire sauter les crevettes puis le tofu.
Ajouter l’ail.
Casser l’œuf puis mélanger pour le rendre brouillé.
Ajouter les nouilles ramollies et remuer.
Ajouter 1 cuillère à soupe de nuoc mam, 1 cuillère à soupe de sauce chili douce, 4 cuillères à soupe de sauce soja et 1/2 cuillère à soupe de sucre en poudre. Mélanger.
Ajouter les pousses de soja et les tiges d’oignons nouveaux émincées. Laisser cuire quelques minutes. Les nouilles doivent rester assez ferme, pas trop collantes.
Servir avec des rondelles de concombre, du citron vert entier (que chacun pressera à sa guise) et des cacahouètes.
Bon appétit !
(Extraits : Riz et Culture en Thaïlande, par Guy Trébuil)