Dans quel pays en avez-vous vu le plus ?
Combien de fois avez-vous pris l’avion ?
Et, combien ce voyage vous a-t-il couté ?
Vous est-il arrivé de dormir dehors ou dans des endroits bizarres ? (oh là là oui, si tu savais petit…)
Nous n’en avons jamais réellement parlé mais vous avez sûrement remarqué l’onglet en page d’accueil de notre site, « Petits écoliers », présent pendant ces deux dernières années. Vous aviez compris, évidemment, le nom en dit long : nous sommes en relation avec des petits écoliers (oui, vous pouvez voir une référence au biscuit au chocolat que chacun d’entre nous a forcément eu un jour au goûter).
Nous avons donc régulièrement échangé avec des enfants depuis deux ans.
Nous avons toujours pensé que notre voyage allait commencé bien avant le décollage de Londres (n’avait-il pas commencé dès le Vietnam ?). Nous avions rencontrer diverses associations, organismes publics ou privés afin de le présenter. Ce que nous voulions surtout (et nous le voulons toujours) était d’éveiller la curiosité de chacun, en partageant nos récits et rencontrer les autres. C’est dans ce contexte là que nous avons immédiatement souhaité collaborer avec des écoles primaires. On peut dire que le projet fut une brillante réussite et que nous avons été on ne peut plus motivés de travailler avec les maîtresses et ces chères têtes blondes ! Nos échanges ne cesseront de grandir à l’approche du grand départ et n’en finiront plus jusqu’à notre retour.
Notre premier contact avec les 132 écoliers de Moidieu Détourbe se fera par internet, dans LEUR partie qui leur est RÉSERVÉE (et forcément : protégée sous mot de passe, que seuls les écoliers ont en leur possession, petits veinards).
C’est alors que progressivement, sur les « Carnet de route » ou sur les « forum » du web, nous nous présentons aux enfants, nous parlons du tour du monde et lançons notre fil conducteur pour accrocher les écoliers à un sujet, afin qu’ils nous mémorisent bien. NOUS PARTONS DÉCOUVRIR LES MAISONS DU MONDE !
Parce qu’un enfant scolarisé en France sait bien des choses, et c’est vraiment très bien. Il sait qu’il fait froid tout en bas en Antarctique ou tout en haut en Alaska, que en Asie, les gens ont les yeux bridés et mangent beaucoup de riz ou de nouilles, que les africains sont pour la plupart tous très noirs mais surtout très pauvres. Il sait sûrement aussi que son pays fait parti d’une union avec d’autres pays d’Europe. Mais sait-il vraiment dans quoi et dans quelles conditions vit un autre enfant, au même moment, du même âge de l’autre côté du globe ? Les livres pour enfants comportent bien des clichés. S’il est vrai que pour beaucoup d’africains ou d’andins, les maisons sont en majorité faites de terre, elle ne pourraient se résumer à cela. Beaucoup sont des agglutinations de matériaux en tout genre trouvés sur place, pailles, cailloux, plastiques, taules et que sais-je d’autres ? Et à l’intérieur, comment la pièce est-elle organisée ? Comment la maman cuisine-t-elle ? Comment les enfants s’amusent-ils ? Comment regagnent-ils leur école depuis leur foyer ? Les livres ne prennent pas le temps de décrire tout ça. Au Vietnam par exemple, dans certaines régions, les enfants vivent sur l’eau, dorment par terre dans l’unique pièce et partent à l’école dans de petites embarcations en ramant. Les mamans, elles, font les courses dans des mini-supérettes sur l’eau. En Chine, les jolies petites fermes que l’on imagine tous, en bois ou en terre, disparaissent au fur et à mesure. En réalité, les enfants chinois vivent dans des grands immeubles qui poussent comme des champignons sur tous le territoire !
Nous avons donc fait de notre mieux pendant un an – mais aussi en rentrant – pour expliquer à ces 132 écoliers comment les enfants dans le monde vivaient. Force est de constater qu’ils n’ont vraiment pas la même vie, partout, sur notre globe terrestre… à commencer par nos petits écoliers de Moidieu où des différences se font sentir entre voisins !
Nous avons lancé un jeu ludique plusieurs mois avant notre départ pour leur faire prendre conscience de leur propre foyer : « toi aussi, dessine moi ta maison ». Et c’est parti ! Cent trente deux dessins de maisons atterrissent dans notre boite aux lettres ! Ils en ont de l’imagination ! Beaucoup « surf » sur le thème complémentaire lancé par les maîtresses : ils dessinent leur maison de rêve. Immense piscine, château fort, maison dans les arbres, acro-branche, toboggan à quatre étages, rosiers enveloppant les murs, écurie privée, etc. Nous avions hâte de les rencontrer.
Vous aussi, vous avez sûrement pu admirer l’œuvre de ces enfants sur ce lien – qui, lui, n’est pas protégé par mot de passe – dans la partie « Petits écoliers » dans « Dessins des maisons ». Nous, on les adore ! Et les enfants sont, eux, fiers de s’être impliqués dans notre projet. Car en effet… leurs dessins (pas les 132 qu’on soit d’accord !) ont fait LE TOUR DU MONDE. Nous avions choisi un ou deux dessins dans chaque classe pour les emmener avec nous pendant le voyage et pour les présenter à qui souhaitait les regarder !
La dernière personne a les avoir vu fut un petit garçon de 5 ou 6 ans. C’était un petit birman aux joues pleines de thanaka. Nous étions hébergés chez lui pour la nuit durant notre trek dans les montagnes des plateaux Shan. Il faisait nuit et les parents n’avaient pas encore démarré leur générateur d’électricité. Nous lui avons alors présenté les dessins à la lueur de notre lampe dynamo. La maman, après avoir fini de préparer le dîner, nous a rejoint. Elle a admiré les œuvres de nos chers écoliers de France et bien sûr, elle n’a pas pu s’empêcher de remarquer – en pointant du doigt – que chaque enfant avait non seulement dessiner une télévision, mais aussi deux, voir trois-quatre chambres à coucher, une belle cuisine, des poissons rouges comme animaux de compagnies, et pour certain de grands jardins potagers plus une piscine.
Le petit garçon ne tenait plus sur place, on sentait qu’il souhaitait faire du dessin comme ces enfants… sauf qu’il n’avait rien chez lui pour le faire. A notre départ, nous lui avons offert du papier blanc et des crayons de couleurs. Cette rencontre nous aura vraiment marqué ; ce petit garçon, sa maman, sa mamie et toute la famille… une grande leçon d’humilité.
Aujourd’hui les dessins sont revenus en France mais n’ont pas oublié leur parcours ! Merci aux écoliers qui se sont investis sur ce projet, avant même de nous avoir rencontrer en 2012.
Car l’heure des vraies rencontres n’avait sonné que seulement deux jours avant notre propre départ en Février 2012. Cent trente deux enfants face à nous ! Le jour J, le stress pour nous était tel que nous décideront finalement d’improviser. Alors, c’est sac sur le dos (fermés pour le grand départ) que nous nous rendons à la rencontre de nos lecteurs. Petit à petit, les langues se délieront. Les enfants auront de larges sourires et seront passionnés par nos récits.
Et puis, on sortira enfin le clou du spectacle, notre dernière carte à jouer afin de faire rêver ces petits anges…
Nestor !
Ne croyez pas que cette peluche était à l’origine indispensable à notre voyage. Non, non. En fait, Nestor s’est lui même proposé de nous accompagner lorsqu’il a appris que nous étions suivis par autant d’écoliers. Un nounours en voyage, ça intrigue et ça passionne chaque enfant, vous ne croyez pas ?
Nestor fut une star ! Nestor fut adulé, admiré sous tous les angles. Nestor a même son propre calendrier (fabriqué par les écoliers puis vendu pour les fêtes de fin d’année) et son album photo. Plus qu’une peluche, il aura été un véritable ami pour nous durant ce voyage et un grand provocateur de sourires. A chaque fois qu’Elodie tendait le bras pour lui faire prendre la pause et que Fabien le photographiait, (vous imaginez devant le Taj Mahal ou au milieu d’une place grouillante de monde ?) les passants s’arrêtaient en rigolant. Souvent, des hordes d’enfants nous observaient ; et même le plus vieux des monsieur grincheux, habillé en costard-cravate, décrochait un sourire en regardant notre Nestor ! Les petites filles, surtout les chinoises, ne pouvaient quant à elle s’empêcher de mettre en scène leur doudou à elle et le photographier, sous l’œil amusé de leur maman.
Oui Nestor aura été un grand allié pour nous, pour communiquer avec chaque population rencontrée… on ne s’attendait pas à un tel phénomène !
A notre retour, comme vous pouvez l’imaginez, il n’y en aura (pratiquement) que pour lui. Une fête est presque organisée à son honneur ! Vite, vite ! Nestor est ici dans le village mais il s’est caché. A toi de le retrouver ! Une immense chasse au trésor est lancée puis un jeu de l’oie dévoile les quelques derniers indices pour retrouver notre ami.
Pendant la fête du village, nous tenons notre première exposition. Nous développons des photos, agrandissons quelques clichés et réfléchissons sur l’impact qu’aura eu ce voyage autour du monde sur notre façon de penser. On parlera donc des « Couleurs du Monde » ! Pas juste des belles couleurs qui ornent notre planète, mais plutôt des caractères de chacun, des cultures si variées à travers le monde, des identités propre à tous, du folklore, du patrimoine préservé ou non, et ce constat frappant, partout où l’on se rend : l’homme vit de manière si différente d’une région à une autre mais pourtant, il a toujours les mêmes besoins et les mêmes attentes que tous autant que nous sommes, de l’Europe à l’Amérique, de l’Océanie à l’Asie.
Cette journée fut un réel bonheur, d’autant plus qu’elle nous a permis de nous replonger dans cette aventure fantastique, finie il y a déjà cinq mois.
Mais le vrai retour avec nos 132 écoliers eut réellement lieu trois mois plus tôt…
C’était en Avril 2013, fraîchement débarqués d’Inde. Nous nous rendons à l’école, comme la première fois, sac sur le dos, rempli de souvenirs.
Les questions fusent. Les enfants pointent leurs doigts en l’air dans l’espoir d’être interrogé. Les regards sont plus amicaux aussi – cette fois, après un an d’échange par papier et par mail, tous les écoliers nous ont bien en tête ! Nous sommes surpris par tant de curiosité de leur part.
Avez-vous vu beaucoup d’animaux ?
Dans quel pays en avez-vous vu le plus ? (Costa Rica, Pérou et Argentine, sans aucun doute)
Combien de fois avez-vous pris l’avion ? (22 fois, je crois)
Et, combien ce voyage vous a-t-il couté ? (le même prix qu’une très grosse voiture !)
Et, vous est-il arrivé de dormir dehors ou dans des endroits bizarres (oh là là oui, si tu savais petit…)
Tu sais, Nestor n’est qu’un ours en peluche. Regardez, nous allons le prendre en photo avec vous. Qui veut le tenir ?
Ces enfants nous ont vraiment touché. Au-delà de ce fantastique projet qu’est de marcher sur les routes du monde, notre échange avec l’école aura été une de nos expériences la plus enrichissante et instructive. Ces enfants nous ont épaté ! Ils étaient tous passionnés par nos aventures. Certains, à la fin de notre seconde rencontre en Avril, se sont précipités vers nous pour annoncer fièrement qu’ils rêvaient, déjà, eux aussi de partir visiter le monde. Agentine, Chine, Pérou, Japon, Thaïlande, que des destinations concrètes ! Pari gagné ! C’est ce que nous voulions faire ; nous voulions éveiller la curiosité de chacun et nourrir leur soif d’aventures. Chaque projet, même le plus fou soit-il, peut être réaliser si l’on s’en donne les moyens. Il n’y a pas de barrière en vérité. Et nous pensons le leur avoir bien prouver.
Ces enfants nous surprendront toujours, un rien les pousse à rêver et ils ont une grande ouverture d’esprit, une faculté à observer mais aussi à comprendre certains sens cachés, que nous, adultes nous ne verrions pas. On devrait garder notre âme d’enfant plus longtemps.
Et, et, et… vous pouvez nous faire une démonstration de tai-chi ?Merci à Fabien de s’être dégonflé ! C’est Elodie qui a improvisé une succession de mouvement tai-chi devant 132 enfants ! Inspiration venue de Chine.
Encore merci à tous ces enfants ; mais surtout aux maîtresses qui ont tout fait pour que ce projet soit ce qu’il est devenu. Leur cadeau d’au revoir nous a particulièrement touché : le carnet de route des CM1/CM2, construit pendant nos un an de voyage, regroupant les différentes activités effectuées (poésie, dessin, chant, atelier tissage, costumes, écriture, etc). On espère que nos 132 paires de baguettes (toutes négociées durement à Phnom Penh), distribuées le jour même à chacun des élèves, ont elles aussi fait leur effet.
Merci.