Nous y voilà.
Aujourd’hui en nous levant tous les deux, nous avons eu les mêmes pensées. Nous prenons peu à peu conscience qu’il n’y aura plus de retour en arrière possible et que le temps si lent il y a encore un an, file dorénavant à toute vitesse.
Il y a plusieurs dates symboliques pour un départ autour du monde. Jour J moins un an, six mois, un mois, une semaine, la veille.
Au moment de la publication de cette article, soit le 1er septembre à 8h20 précisément, notre compte à rebours s’est affolé car nous partons dans 4344 heures exactement. Notre aventure à peine suggérée il y a quelques années puis pensée il y a deux ans et enfin organisée il y a quelques mois, cette aventure encore si lointaine où nous râlions chaque instant « Dieu que le temps est long… » aujourd’hui, le compteur affiche si peu de jours.
Avec du recul, nous nous apercevons que deux ans de préparations ont défilé à une vitesse folle. La liste des démarches restantes s’allonge. Ce mois-ci, le vaccin c’est « typhoïde ». Le mois prochain, c’est « fièvre jaune » tel un refrain « Lundi, un vaccin. Mardi, un vaccin. Mercredi, Jeudi, Vendredi, un vaccin aussi ». Notre dernière injection aura lieu seulement quelques jours avant notre départ de Paris contre une bébête vraiment méchante : la rage. Question santé, la liste ne s’arrête pas là. Nous allons faire un bilan complet. Ophtalmologue, orthoptiste, gynécologue, dentiste, prise de sang, etc. Fabien, un brin réfractaire aux aiguilles et aux docteurs, est RA-VI (ironie). Quant à moi, je me dis « c’est pour le plaisir », il y a bien pire… L’administratif ! Argh! Procuration bancaire, de vote résiliation du bail et des divers abonnements inutiles, photos officielles en nombre conséquent pour les visas, assurance voyage pour neuf mois, changement d’adresse pendant notre absence (impôt, mutuelle, Sécu, banque, etc)… La liste est longue.
A ce jour, nous sommes heureux de voir le jour J se rapprocher mais aussi soulagés d’avoir encore ces six mois pour préparer correctement notre projet… et intégrer en douceur le fait que nous allons partir. Le rêve n’est plus, il prend forme. Nous pensons qu’il faut du temps pour appréhender un tel changement dans nos vies. Rien ne se fait du jour au lendemain, surtout pour les personnes nous entourant. Un jour, on projette, le lendemain on s’en va. Entre ces deux jours, il faut du temps pour encore mieux apprécier le voyage. Notre tour du monde n’est pas un coup de gueule ni une fuite en avant mais un projet mûrement réfléchi s’inscrivant dans nos professions, nos passions et nos choix de vie. Et pour tout cela, du temps est nécessaire, comme il est aussi la clef de ce voyage : un an entier pour découvrir le monde, pas toutes ses facettes mais quelques éclats à notre rythme.
Ainsi, aujourd’hui, le compte à rebours affiche « 181 jours » et dans notre mélange d’impatience, d’appréhension, de course contre la montre, une certitude apparaît : à l’heure qu’il est, chercher mille et une raison pour justifier notre décision n’a plus vraiment d’importance, il ne nous reste plus qu’à vivre à 200% notre projet.
« Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait pas comment nommer ce qui vous pousse. Quelques chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon » – Nicolas Bouvier, L’usage du monde -