La Corée du Sud n’est pas un grand pays, on peut le traverser du Nord – enfin, façon de parler – au Sud facilement grâce à un bon réseau routier et ferroviaire. Comme le soulignait si bien M. le maire de Moidieu Détourbe dans les commentaires sur l’article de Séoul, le TGV français a été exporté en Corée, il s’appelle KTX, nous l’avons vu, c’est bien le même ! Nous avons quant à nous opté pour la solution la moins chère : un bus de Séoul jusqu’à Busan dans le Sud pour 37 000 won (26 euro) pour 4h30 de route. Nous redécouvrons le plaisir de rouler en bus… siège inclinable à 80%, pose gobelet, pose ordinateur, repose tête et réhausseur de jambes à l’horizontal; dire que l’on va quitter tout ça dans quelques semaines en posant les pieds au Vietnam. Direction donc Busan, un des ports les plus gros du pays.
Après une monumentale confusion et une longue discussion avec notre aubergiste, nous ne resterons finalement que un jour à Busan et pas deux. Et oui, ça y’est vos deux globetrotters ont perdu la boule, ils étaient persuadés en arrivant à la nouvelle auberge de n’être que vendredi (nous avons vérifié nos deux montres, l’Iphone, un calendrier papier et contredit notre hôte) alors que nous étions déjà samedi. Heureusement, nous n’avions pas d’avion ! Pas le temps donc d’approfondir la ville, nous nous consacrerons juste au port.
Il est midi et ce n’est pas un hasard si nous nous rendons à cette heure-ci dans ce méga-complexe de la pêche, vous verrez plus tard. Nous visitons tout d’abord avec curiosité les différents étages. C’est donc ça que nous mangions depuis notre arrivée ? Calamars géants, poulpes aux tentacules « serpentesques », poissons difformes inconnus, crustacés par milliers et surtout quelques centaines de variétés d’algues tout juste pêchées. Ah la Corée…
Ce marché est particulièrement bien pensé, l’eau des bacs regorgent de poisson encore frétillants. En Corée, même au restaurant, les poissons sont récupérés vivant par les cuisiniers dans les aquariums exposés dans la rue à l’entrée. Si l’aquarium est vide, c’est que le restaurant ne vous servira plus de poisson ce soir. Ici, au marché aux poissons, l’eau des bacs est renouvelée sans cesse par des pompes. L’eau est envoyée dans des sortes de canalisations circulant sous nos pieds afin de la récupérer et de ne pas la gâcher.
Une marchande nous ayant remarqué de loin – nous sommes les seuls touristes, c’est un peu le cas depuis que nous sommes arrivés en Corée – nous fait signe de monter au troisième étage avant de repartir. C’est en effet pour cette étage là que nous étions venus à midi, nous avons faim. Un étage entier est dédié à la dégustation de poissons et fruits de mer. Et là, pas de soucis, c’est fraîchement pêché et quand la cuisinière n’a plus assez de filet, elle descend l’escalier pour se réapprovisionner un étage plus bas.
Nous nous laissons tenter par une formule « sashimi » (poisson cru finement coupé) car après tout, une fois au Japon, nous ne savons pas si nous aurons encore les moyens de nous payer ce genre de luxe. Pour le petit interlude, la Corée du Sud, malgré son excellent niveau de vie, ne coûte qu’une misère pour se nourrir. Douze euro par personne et par jour suffit amplement pour un séjour dans ce pays. La preuve : les habitants ne cuisinent pas, ils préfèrent se nourrir dans la rue !
Pour un de nos derniers repas en Corée, nous avions envie de nous faire plaisir (à chaque fois que nous quittons un pays, il y a le rituel du « dernier repas » où l’on ne compte presque plus…), nous pointons donc notre bol de « sashimi » sur la carte… et nous avons eu ça…
C’est les yeux grands ouverts que nous avons empoigné nos fines baguettes métalliques pour nous livrer à ce délicieux festin. Palourdes, tofu, kimchi, patate douce, beignets, pousses de soja à l’huile de sésame, poisson frit,… et nos bols de sashimi accompagnés de pousses d’herbes aromatiques. La Corée, c’est ça : d’excellents produits et surtout, les bons restaurants se jugent face à un autre à la quantité de petits plats offerts en plus du reste. En vous asseyant à une table, vous êtes sûrs de recevoir avec un sourire une carafe d’eau, des serviettes chaudes, trois kimchis différents, quelques algues à grignoter et votre petite soupe. C’est toujours la surprise ! Les Coréens nous démontrent encore une fois leur sens de l’hospitalité et leur profonde gentillesse. Nous les adorons.
A tel point que le jour du passage de douane pour quitter le pays, ce fut presque un crève-cœur. Nous nous étions attachés aux gens et nous partons avec la sensation que beaucoup de choses nous attendaient encore dans le pays. Pour la première fois depuis nous départ en tour du monde, quinze jours dans une seule ville n’auront pas été suffisants ne serait-ce que pour visiter les centaines de lieux et activités proposés à Séoul aux voyageurs.
Nous achetons quelques derniers gâteaux et souvenirs au port international de Busan avant de recevoir notre coup de tampon de sortie.
« Kamsahamnida » (merci beaucoup) nous répétons fièrement à la douanière dans un accent presque parfait. Elle s’incline comme chaque coréen lorsqu’un étranger fait l’effort de parler leur langue. Un bel au revoir. Nous filons, sacs sur le dos vers notre ferry. L’amertume d’abandonner notre vol Shanghai – Tokyo, faute de pouvoir retourner en Chine, est presque passée, remplacée par l’excitation de monter dans le seul moyen de transport manquant dans notre voyage : le bateau.
Busan relie le port d’Osaka au Japon grâce à la compagnie Panstar une fois tous les deux jours. L’embarquement se fait vers 14h et l’arrivée est à 10h le lendemain. Contrairement à ce qui est dit sur les forums de voyage, le coût du billet pour la traversée n’arrive pas à la cheville d’un vol d’avion qui lui est très cher : pour 18h de traversée, buffet-dîner, petit déjeuner et nuit dans un compartiment, nous en avons eu pour 331 000 won (236 euro pour deux). L’avantage indéniable à ce trajet effectué par Panstar par rapport aux autres compagnies de croisières (qui arrivent à Fukuoka en moins de six heures), c’est que nous débarquons à Osaka même, ville toute proche de Kyoto. Quand on sait les prix pratiqués par les japonais en matière de train… on ne réfléchit pas deux fois.
La traversée passera tranquillement, sans encombre. Nous dormons en troisième classe, sans les danseurs irlandais au fond d’une cale (ni même l’iceberg). Nous serons séparés pour la nuit car les dortoir sont non mixte. Les longues heures d’attentes seront entrecoupées par quelques évènements et points de vue. Nous avons deux restaurants et un bar, plusieurs petits salons… avec wifi ! Car avec les coréens, on ne rigolent pas, en pleine mer, tout le monde capte le wifi. Pas vous ?
Vers 21h, nous serons invités à monter sur le ponton supérieur pour apercevoir pour la première fois les côtes nippones. Nous serons particulièrement émus de voir les terres japonaises aussi proches sans que l’on puisse cependant les toucher. Cela doit être cela l’excitation d’un navigateur découvrant enfin son but et la terre au loin.
Le lendemain à 10h, après un passage de douane japonaise d’une politesse plus que respectueuse et appréciée, nous quittons définitivement notre petite Corée chérie en laissant le ferry derrière nous.
Il y a tant à dire sur ce pays que je ne m’attellerai pas à un long discours aujourd’hui. La Corée du Sud est un mélange étonnant de technologies dernier cri et de patrimoine préservé, un puissant cocktail entre « futurisme » et Histoire respectée. Ce pays nous démontre chaque instant que le modernisme et les avancées technologiques, contrairement à ce que le monde a bien souvent l’air de penser, ne sont pas contradictoires aux valeurs humaines, au respect des traditions et à l’attachement entre les hommes.
Ce qui nous aura finalement le plus marqué dans ce pays, ce sont les coréens eux mêmes, des habitants adorables, des coréens évoluant toujours avec sincérité et émotion qui dictent la plupart de leurs réactions ; des hommes entretenant des relations en accordant une importance toute particulière aux autres, habitués à raisonner en priorité pour le groupe et non pour eux, des coréens s’attachant profondément aux amis et à la famille.
Il n’y a plus besoin de le cacher, la Corée du Sud fut un vrai coup de cœur pour nous. Je crois que cela s’appelle… eu… l’amour ?
Il y a quelques semaines en arrière, en partant de Chine sur un goût amer faute de pouvoir renouveler nos visas, la tante de Fabien nous avait réconforté au téléphone. Et elle avait raison : d’une aventure désagréable peut naître les meilleurs souvenirs de tout un voyage…
je me suis régalée à lire votre voyage en Corée du sud !
Cela ressemble au Japon avec un budget plus raisonnable et je crois qu’un jour les 4 coins du globe iront y faire un tour !
Bonne continuation en Asie.
Avec beaucoup de retard me voilà ENFIN replongée dans vos récits… Moi qui rêvais d’aller au Japon j’avoue que vous m’avez réellement donné envie de découvrir la Corée du Sud si inconnue pour la plupart des gens. Le destin vous a guidé dans ce merveilleux pays, les aventures non prévues sont souvent les plus surprenantes, ne vous l’avais je pas dit ! Merci de nous faire vivre à distance autant d’émotions. Je ne m’attarde pas plus sur ce commentaire, je m’empresse de poursuivre la lecture des articles suivants…