Isla del Sol

Vous vous souvenez de vos départs pour les vacances d’été à la mer ? Notre arrivée sur les rives du lac Titicaca nous a fait le même effet !

De l’eau ! De l’eau de partout, des bateaux, des vendeurs de poissons ! Cela fait plus d’un mois que nous vivons entouré de très grandes montagnes arides où la végétation pousse très peu (patates et quinoa)… et… enfin de l’eau jusqu’au bout de l’horizon, des champs agricoles sur des hectares entiers. La région du Titicaca est propice à la vie ; cela fait très longtemps que l’on ne l’avait pas ressentie. Notre arrivée à Copacabana parachèvera cette sensation de départ en vacances d’été car dans cette petite ville, on se croirait dans une station balnéaire (tourisme à outrance compris).

Alors non, nous ne nous sommes pas fait voler, agresser, séquestrer ni quoi que ce soit d’horrible. Mais d’où cette réputation lui vient ?? En parcourant les rues de Copacabana, nous rigolons fort car la ville est plutôt bon enfant ou bohème, très tranquille même à vingt heure, une petit port de plaisance somme toutes. Nous sommes à des années lumières des propos psychotiques de « Conseils aux voyageurs ».

Cependant, ville agréable, nous filons quand même pour aller vivre sur le Titicaca. Notre arrivée de La Paz en bus sera à 12h30, à 13h30 nous prenons le bateau pour l’Isla del Sol. Il y a trois heures de bus entre les deux villes et un passage à gué vers la fin pour traverser un bras du lac.

Le trajet en bateau pour l’Isla del Sol sera interminable.

Nous avançons tout doucement au rythme d’un voilier fatigué et pourtant nous avons un moteur, et les montagnes sur les rives défilent à peine. Les une heure trente de traversée nous sembleront des heures. La faute à l’excitation de poser les pieds sur l’île où le soleil est né ? Ou bien exaspération dû à nos voisins de derrière vraisemblablement israélien (nous en croisons beaucoup depuis le début de ce voyage) criant dans nos oreilles pendant l’ensemble du trajet ? Quoi qu’il en soit nous sommes soulagés de poser pied à terre avec nos bagages au port de Yumani au Sud de l’île, village où nous avons décidé de passer la nuit.

Nous n’aurions peut-être pas dû nous emporter si vite quant à l’excitation de quitter nos voisins, c’était peut-être pas si mal…

Cela a commencé par ce gamin dont on ne connaît pas le nom qui nous sautera dessus pour savoir si l’on veut dormir chez lui. Nous répondrons poliment afin de connaître son prix (40 bolivianos, soit 4,60 euro pour deux). Après tout, nous ne savons pas où dormir cette nuit, autant se renseigner. Puis cela a continué avec ces nombreux porteurs « Vous voulez que je vous porte vos sacs jusqu’au village ? C’est un long trajet ». Comment ça ?? Nous nous débrouillons seul depuis le début, nous n’allons pas engager des mulets (car il nous propose aussi ses mules). Ensuite vint une petite fille pour nous vendre ses bracelets ; elle est insistante décidément : nous cherchons seulement à rejoindre le village, les souvenirs, c’est pour plus tard !

Notre chemin, nous le trouverons après cinq minutes de harcèlement moral, et ce sera le gamin du début qui nous l’indiquera ; il croit que l’on veut dormir chez lui.

Le chemin s’appellera en réalité « l’escalier de l’inca ». Chouette que l’on se dit, une pierre deux coups

Seulement cinq mètres plus haut de la sueur coule déjà sur notre visage et nous faisons une première pause d’une minute, histoire de respirer.

« Rebolote », cinq mètres plus haut, une nouvelle pause s’impose. Nous transportons près de vingt kilos chacun et nous sommes à 4 000 m d’altitude en pleine ascension de l’Everest, c’est l’effet que cela nous fait. L’oxygène manque terriblement. Nous suffoquons comme des chiens assoiffés et notre cage thoracique semble trop petite. Le mal des montagne recommence, sauf que cette fois Jorge ne nous attend pas dans son 4×4, nous devons aller là haut au village. Elodie sort le sachet de feuille de coca, nous en chiquerons plusieurs fois pendant le trajet jusqu’à faire une grosse boule sur le côté de notre bouche.

Énervement (surtout de la part de Fabien dont les sacs réunis font sûrement vingt cinq kilos), le gamin est toujours dans nos pattes. C’est qu’il nous nargue ce petit c… ! « Pour vous il faut vingt minutes pour monter, pour moi c’est facile, en cinq minutes je suis en haut ». Et si tu transportais presque trois fois ton poids sale môme ? Tu dirais la même chose ??

Nous grimpons tout doucement avec pauses régulières, nous ne sommes pas les seuls voyageurs dans cette galère, on se salue silencieusement pour se motiver, nos poumons sont prêts à exploser. Elodie en tête prend à part le petit garçon pour lui expliquer fermement de nous laisser tranquille.

Fabien en retrait s’arrête tout d’un coup en jetant à terre son petit sac à dos « C’est nous les mulets ! J’arrête !! »

Nous regrettons de ne pas avoir passer une nuit à Copacabana pour laisser nos gros sacs et voyager léger sur l’île. Résignés, car il n’y a rien à faire il faut y aller, nous montons progressivement les marches du chemin de l’inca en souffrant en silence, une réelle souffrance qui nous ronge le moral. Les îles sur le lac Titicaca sont loin d’être plates. Elles sont constituée de montagnes, ce qui en fait leur charme. Pas de plage donc mais des pentes voir des falaises à pic.

Et puis… après avoir refusé toutes les auberges sur notre passage, sept ou huit, nous ne savons plus, à des prix pourtant plus que raisonnable (nous devons être fou ?)… nous arrivons tout tout en haut sur la crête de l’île. Une veille dame à chapeau melon et tresses à pompon vient à notre rencontre pour nous présenter une chambre privée et eau chaude à volonté (douche électrique testée)… avec… vue imprenable sur le lac Titicaca. Nous sommes émus (essoufflés aussi). En plus d’avoir vingt kilos sur le dos à 4 000 m d’altitude, il a fallu que nous montions TOUT en haut ! De vraies têtes de mules, c’est bien ça. Mais nous rigolons de notre bêtise car l’ascension de l’Everest nous a largement récompensé : de notre lit nous avons vue sur le lac et les hauts sommets enneigés de la cordillère bolivienne, nous pourrons aussi admirer le lever de soleil depuis celui-ci.

Notre première nuit sur l’Isla del Sol sera si calme… Il n’y a pas un bruit autour de nous et aucune lumière vient gâcher l’admiration du ciel étoilé. Il faut dire que sur l’île, l’électricité est présente seulement dans les pièces à vivre, la nuit dehors il faut avancer avec une lampe frontale sinon gare aux crottes de lama !

Ne sachant pas trop quoi faire après avoir manger, cette vie si calme nous surprend, nous jouons aux cartes sur notre lit avant de dormir ou pour nous tenir éveiller au moins jusqu’à 21h30. A 22h, il est tard sur les bords du lac Titicaca.

Le lendemain matin, après un petit déjeuner délicieux (des crêpes maison !), nous partons randonner toute la journée pour suivre les pas des Incas. Nous allons faire le chemin de l’Inca de l’Isla del Sol (tout est « Inca » ici), une sorte de pèlerinage pour tout bon citoyen de l’empire. Notre hôte, nous conseille et nous oriente pour cette randonnée. L’aller fera trois heures de marche du Sud vers le Nord, nous allons traverser l’intégralité de l’île.

Sortie de Yumani, en haut de la crête, premier faux départ. Bourriques que nous sommes (décidément), nous décidons de grimper tout en haut (décidément) d’un des sommets les plus élevé de l’île. Arrivés en haut, certes la vue sur l’ensemble de l’île est splendide mais une question s’impose : comment rejoindre notre chemin de l’Inca, là, tout en bas ? Déconcertés, nous devrons accepter l’idée de descendre en traversant les nombreuses terrasses de la colline (terrasses Inca, si si !), au milieu des mulets, quel ironie, et de marcher sur les champs labourés. Quelle aventure !

Le chemin de l’Inca longe du Nord au Sud les crêtes de l’île. Il n’est pas trop difficile si ce n’est quelques montées plus raides faite en si haute altitude. Mais les paysages sont magiques ! Admirez plutôt par vous même.

Oh, des ruines Inca !

Nous finirons notre traversée de l’île en trois heures pile poil et nous arriverons au port de Challapampa au Nord à 13h. Le dernier bateau rejoignant le port Sud pour Yumani (on a cherché, mais il n’y en a pas d’autres. Après il faut marcher ou louer une embarcation privée) est à 13h30. Nous filons vers le premier stand de rue préparant des « papas fritas »-minute pour pas très cher (l’huile ruisselante doit être offerte) avant de monter à bord.

La journée fut magnifique ! Ce lac est vraiment superbe et nous avons vraiment profité de l’île et de son ambiance en restant deux nuits. La vie sur l’Isla del Sol est si sereine. Tout est paisible, il n’y a pas une seule voiture, pas de circulation tout court d’ailleurs. Les chemins, millénaires pour certains, sont en pierre ou en terre. L’eau est approvisionné dans les foyers par des mulets qui descendent chaque jour avec leur propriétaire vers l’escalier de l’Inca puis remontent les bidons remplis grâce à la seule source de l’île. La vie ne semble pas facile ici et répétitive. Pourtant elle a quelque chose d’attirant et les insulaires paraissent heureux. Les habitants vivent beaucoup de l’agriculture mais aussi clairement du tourisme ; mais peu de voyageurs s’y arrêtent longtemps pour la nuit et c’est bien dommage. Il y a une ambiance à la tombée de la nuit… sans parler des couleurs !

Elodie en pleine conversation avec les mules de l'île. Respect : elles travaillent dur (les mules).

Près de l'escalier de l'Inca coule l'unique source de l'île. Les espagnols pensaient que c'était une fontaine de jouvence... Essayons !

La suite de notre séjour sur le Titicaca promet d’être magique.

Palais de l'Inca

Le deuxième jour nous irons visiter le palais de l’Inca, situé au Sud. Nous nous amusons à parcourir les différentes pièces. La maison est un mini labyrinthe. Ce sera notre premier site Inca en bon état et nous voilà tout excités de rejoindre le Pérou. Il n’est plus question de nostalgie en quittant la Bolivie.

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