Lors de son quatrième et dernier voyage au Nouveau Monde en 1502, Christophe Colomb dut jeter l’ancre sur la côte Caraïbe du Costa Rica. Il revint en affirmant avoir vu « d’avantage d’or en deux jours qu’en quatre ans à Española ». Sa description enthousiaste d’une côte riche donna son nom définitif au pays : le Costa Rica. Tel est du moins la légende populaire.
Les richesses promises par le Costa Rica devinrent une réalité quand on découvrit que le sol et le climat des hauts plateaux de la Vallée Centrale convenaient parfaitement à la culture du café. Le pays pauvre devint la nation la plus prospère de l’Amérique Centrale.
Pour acheminer le café jusqu’aux marchés mondiaux, il fallu construire une voie ferrée depuis les plateaux jusqu’à la côte Caraïbe, à Puerto Limon. Malheureusement l’arrière pays était couvert de jungle épaisse et de marécages infestés d’insectes. Le projet fut un désastre, des forçats nord-américains et des esclaves jamaïcains remplacèrent les ouvriers ticos (habitants du Costa Rica) qui décédaient en masse. Le long de la voie, on planta des bananiers pour fournir une nourriture bon marché aux esclaves. Le projet aboutit quand même en 1890 et fonctionna à perte.
Quelques bananes furent un jour expédiée en même temps que le café en Nouvelle Orléans… L’entreprise fut couronnée de succès : le fruit devint très recherché. Au fil du temps, la banane supplanta même le café et devint une exportation très lucrative pour le Costa Rica qui est depuis le premier exportateur mondial de bananes ! Aujourd’hui la culture de l’ananas accompagne celle de la banane. Et si vous faites vos courses, regardez un jour l’origine d’un de ces deux fruits, il y a de forte chance pour qu’il provienne du Costa Rica.
En parlant de banane, saviez-vous que la boisson « banania » était une boisson locale traditionnelle au Nicaragua et nord du Costa Rica bien avant vous ? L’idée de la création de cette marque serait même née ici !
Cependant, le passé peu glorieux de l’histoire de la banane au Costa Rica font que les ticos préfèrent encore aujourd’hui se vanter de leur exportation de café… mais les chiffres sont pourtant clairs, la banane « y’a bon » !
Sur la route entre le parc du volcan Arenal et le parc Monteverde, dans notre jeep, secoués comme des cocotiers, nous avons eu le plaisir d’observer des hectares entiers dédiés à la culture du café (et de la banane aussi évidemment). C’est comme nos vignes dans la région du Côte du Rhône sauf que là les boules sont bien plus petites. A l’entrée de chaque propriété nous lisons les différents noms peints à la main sur des planches en bois. Le Costa Rica a su développer plus largement son industrie du café en s’organisant en des centaines de mini-entreprises familiales, réunies pour la plupart en coopératives. Vous avez forcément entendu parler de « Fair Trade » ou du commerce équitable. Au Costa Rica, on a parfois l’impression que l’idée est née là.
Face à ce paysage, nous salivons… notre aimons beaucoup notre petit noir du matin – difficile même de s’en passer sous peine de marcher au ralenti – et il faut reconnaître que depuis quatre mois, l’americano ne nous sied guère. C’est décidé, nous irons visiter une finca !
Grâce aux conseils de nos hôtes de l’auberge, nous nous orientons vers une petite finca familiale faisant partie de la coopérative Monteverde et de l’association Fair Trade. Nous ne serons que quatre à partir, accueilli par le jeune Carlos, dernier fiston du papa Eugenio. Nous roulons pendant une petite demie-heure avant d’arriver chez lui à San Louis et ferons une jolie petite ballade de deux heures dans les cultures de sa finca pour nous présenter les différentes variété de café, comment le cultiver et comment se protéger des différents champignons… protection de manière naturelle. La finca de la famille de Carlos – et la coopérative Monteverde en général – est bio, donc pas d’insecticide ni même aucun produit chimique quel qu’il soit. Carlos nous fera découvrir les maladies que subissent ses plantations alors que lui ne peut être que spectateur sans rien pouvoir faire. « Mais nous avons choisi d’avoir une culture bio » rétorquera t il très serein en haussant les épaules.
Il nous présentera aussi les arbres fruitiers présent autour des caféiers. En effet, en plus de nourrir la famille, ils servent de bouclier aux caféiers : ils coupent du vent, ils protègent du soleil, ils attirent les oiseaux qui viennent se nourrir permettant ainsi de semer dans toute la région de nouveaux arbres ; mais ces arbres fruitiers permettent aussi et surtout de développer parfois un champignon particulier qui, à proximité d’un caféier malade, de « tuer » le mauvais champignon présent sur les feuilles de café. C’est naturel et on se dit : trop fort la nature !
Nous rejoignons après notre ballade Eugenio, son papa, ce dernier très ému de nous accueillir chez lui. La famille de Carlos est très grande et installée ici depuis cent ans : onze frères et sœurs du côté du papa et neuf du côté de la maman. Tout le monde participe activement aux tâches de la petite finca et pendant la saison des récoltes ils font appel à l’aide de bénévoles.
Eugenio est un homme serein et déterminé. Il est doux, accueillant (je crois l’avoir déjà dit) et très gentil. « Je travaille avec amour, il n’y a que ça qui me guide ». nous dit-il avec sincérité. Il a l’air si heureux de nous faire découvrir son affaire familiale, héritée depuis plusieurs générations.
Il nous présentera au passage les techniques d’antan pour sécher le café, des techniques disons le plutôt manuelles. Carlos s’exercera avec maladresse, le fils pourtant déjà ouvrier depuis longtemps, et Eugenio le taquinera gentiment.
En fin de visite, nous aurons droit à une démonstration live de l’extraction de jus de canne à sucre (Vietnam tu n’est pas loin, on se souvient des litres entiers que nous avons absorbé sur le bord de la route dans le Mékong). La finca de Eugenio produit donc en plus du café et des multiples variétés de bananes, du sucre de canne. Il nous expliquera les différentes étapes avant d’arriver à notre sucre servi à table.
Avant de partir, nous gouterons le jus extrait et là c’est une surprise, rien avoir avec celui du Vietnam frais et léger. Nous avons la sensation de boire du sucre liquide. Nous partageons nos interrogations à Carlos qui nous expliquera qu’il existe plusieurs variété de canne à sucre, la sienne étant destiné exclusivement à faire du sucre donc plus forte. Finalement, le meilleur reste de ronger son bâton de canne à sucre !
Nous quittons Eugenio avec un grand sourire. Ce ticos est vraiment très sympathique.
Carlos nous déposera dans un centre de dégustation et de torréfaction de la coopérative Monteverde. En effet, la machine doit coûter cher car beaucoup de finca n’en possède pas chez eux et viennent ici payer pour torréfier leur café. Eugenio en fait parti et nous démontrera rapidement l’intérêt de payer pour torréfier : un panier de graine simplement sèche est vendu sept dollars quand le même panier mais torréfier sera vendu à au moins quarante dollars.
Nous gouterons dans ce centre à trois types de torréfactions : une très rapide et moins forte, une plus longue (celle vendu presque exclusivement dans le monde) et une avec la graine de café ayant conservé sa coque. Verdict : la torréfaction plus légère apporte un goût plus subtil et est bien plus longue en bouche. C’est franchement bon. A quant l’export en France ?
Verdict suivant : après quatre grandes tasses de bon café noir, nous allons nous arrêter là… dans quatre heures c’est l’heure d’aller au lit…
Nous sommes tous les deux très heureux de cette visite de la petite finca de Carlos et de son papa. En plus d’avoir appris plein de choses sur cette boisson que nous aimons tant, nous avons surtout rencontré deux ticos passionnés par leur travail et heureux de nous le faire partager. Une très belle affaire familiale où nous aurions presque envie de venir y faire du bénévolat le temps d’une saison.
Je comprends très bien votre mauvaise surprise en goûtant la canne à sucre du Costa Rica ! Il m’est arrivé la même aventure en Martinique : en me promenant dans un petit marché local j’ai aperçu sur un étal des bouteilles de canne à sucre pressée, mes papilles se souvenant du délicieux jus Vietnamien bu le long des routes je me suis empressée d’en acheter une mais quel fut ma déception, rien à voir !!! Trop sucré, épais, laissant un goût pâteux sur la langue, bref pas une réussite !!! A l’inverse j’imagine que le café du Costa Rica n’a rien à voir avec le café Vietnamien hyper noir et épais qui reste collé dans la tasse quand on la retourne, quelle horreur !!! Bises à vous 2
Ah la la, le jus de canne du Vietnam… Incomparable! Comme le café, mais pour d’autres raisons! On est impatients de découvrir de nouvelles saveurs, les bananes et les haricots noirs ça suffit! Bisous a tous les trois!
Eh franchement, il y avait pas besoin de faire tant de kilomètres : tu m’aurais demandé je t’aurais envoyé les photos de : canne à sucre de la Réunion…. Trop bon à déguster juste coupée. Ou bien te faire découvrir le café Pointu Péi (de la Réunion) « le meilleur café au monde à 800 euros le kilo »… Quant aux bananes, il y en a plein mon jardin…. Et chez nous il n’y a pas que 4 espèces…
De plus on a aussi des mangues (carotte, José, américaine, verte, orange….), le meilleur ananas du monde : le Ananas Victoria… Bref, 250 kilomètres carrés de pur bonheur gustatif…. Lol
A part cela, le Costa Rica, c’est comment ?
Biz Lalotte
Oh la, je ne doute pas que la Réunion c’est plein de plaisirs gustatifs (note: envoyer des photos ne nous permet pas de les goûter) mais le Costa Rica ça ne s’arrête pas à ça! Des décors, une ambiance unique (et sur le trajet de notre tour du monde, c’est quand même plus pratique que quelques dizaines de milliers de kilomètres de détour)… Dans nos tristes terres métropolitaines on n’a pas toutes ces merveilles pour les papilles… Et permet moi de te dire que si tu peu te permettre de boire un café à 800€/kg, moi pas!
[…] sont tous noirs – et partons vers La Pavona, la route durera une heure. Vous vous souvenez de l’article à propos du café ? Dans la région que nous traversons, ce n’est pas quelques hectares mais des centaines et […]