Pour entrer en Thaïlande, en tant que français, nous n’avons pas besoin de visa mais il faut bien noter en avance certaines règles : en arrivant par avion nous avons le droit à trente jours ; par contre par voie terrestre, l’État thaïlandais ne nous autorise plus qu’un séjour de quinze jours. Ce qui ne nous arrange guère… C’est donc par un beau coucher de soleil depuis l’avion que nous atterrissons à Bangkok. Magique, Fabien adore prendre l’avion.
Depuis la vitre de notre taxi en direction de l’auberge Sam Sen Sam Place (pas mal du tout, super bien située et pas trop cher, 20€ la chambre sans salle de bain), nous découvrons la ville. Ouaa ! La dernière fois que nous avons vu autant de gratte ciel, c’était à Tokyo, ça commence à remonter loin. La vue de la skyline de Bangkok au loin de nuit, lorsque toutes les lumières s’allument, est poétique. C’est beau une ville la nuit, mince. On ne s’en lasse pas.
Le lendemain, nous filons non loin de chez nous, au bord de Ko Ratanakosin, pour grimper sur les hauteurs et admirer une fois de plus la skyline. Nous montons sur le mont d’or, une colline artificielle, à l’origine un simple monticule de boue et de brique. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des murs en béton furent placés afin d’empêcher l’érosion. Les escaliers ne sont pas bien longs ni difficile mais à l’arrivée, la vue est jolie. Nous nous retrouvons en compagnie de trois jeunes moines en robes oranges fluo en train de se désaltérer avec un « café latte », eux aussi admiratifs du paysage de leur capitale.
Bangkok s’étend désormais à nos pieds. C’est une ville titanesque, impossible d’en voir le bout. Face à nous, une ligne comparable à celle de Manhattan, se dresse fièrement jusqu’au ciel.
Le ciel est légèrement grisé, la ville est connue pour sa pollution, qui ne nous aura pas autant impacté que celle de Santiago ou Guangzhou (Canton), les villes les plus polluées que nous ayons traversé (pour l’instant). Bangkok est au final un mélange joyeux, ou malheureux selon les points de vues, d’un Tokyo avec ses vastes étendues d’immeubles, d’un Séoul moins riche avec ses nombreux centres commerciaux sous terre et dans le ciel, d’une Chine avec sa forte pollution et d’une capitale vietnamienne avec son anarchie omniprésente. Mais pas de scooter ici ou très peu. A Bangkok, on a soit une voiture soit un gros pick up. J’ai appris que les taxes étaient moins élevées sur ce genre d’engin dans le pays.
A perte de vue s’enchaînent immeubles résidentiels, pour certain à l’hygiène controversée, temples, palais somptueux et gratte ciel. Nous découvrons très vite que les thaïlandais sont passionnés soit par les prières soit par le shopping. Bienvenue dans la capitale mondiale du marché du textile !
Nous ne nous attendions pas à cela, des bangkokiens friands de courses, d’emplettes en tout genre mais surtout de fringues. Il y a des commerces absolument de partout, à chaque coin de rue et sur le trottoir. Laissez donc de la place dans votre valise en débarquant fraîchement dans cette ville car vous pourrez à chaque instant négocier un T-shirt ou un short. Les habitants ne se font pas prier d’ailleurs, ils jouent le jeu à fond. A partir du vendredi soir jusqu’au dimanche tard, les centres commerciaux climatisés sont plein à craquer et les thaïlandais en ressortent les bras chargés de dizaines de sacs plastiques gros comme eux. Ils savent dépenser leur argent et n’ont aucune excuse pour être mal habillé !
Nous tomberons par un heureux hasard sur l’un de ces centres commerciaux – près du quartier Siam – souvent hors des circuits classiques car sans grande importance. Immersion totale avec la foule locale, on est samedi, celle qui est aisée et elle existe dans cette ville ! Du shopping, du shopping et des stands de nourriture de partout. Nous n’imaginions pas Bangkok ainsi, trop d’images en tête d’une ville polluée, sale et vieillotte, véhiculées par les films.
Rien d’étonnant du coup à ce que Noël ait le vent en poupe. Nous plongeons enfin avec délice dans une ambiance subtropicale et ensoleillée de la fête la plus attendue chaque année ; une ambiance un peu trop commerciale à notre goût dans un pays où la naissance du petit Jésus n’a aucun sens. Par contre les joujoux par milliers oui !
Des joujoux, nous décidons de nous en offrir en cette fin d’année en nous lançant dans la frénésie shopping de la cité. Cela fait neuf mois que je n’ai pas participé à ce genre d’aventure : deux jours entiers à dépenser de l’argent pour des vêtements… Oua !! J’ai l’impression de me lancer dans les soldes.
Nous nous consacrerons à deux marchés, celui de Pratunam dans le centre près de Siam et celui de Chatuchak en périphérie, ouvert seulement le week-end (le premier étant peu aimable et donc pas franchement agréable).
Chatuchak ayant une sacré réputation, nous prévoyons de partir de bon matin avec des sacs à dos assez gros et surtout vides. C’est enfin Noël toute la journée et c’est que du bonheur.
Soyons claires, Chatuchak est probablement le plus grand marché au monde. Des plans sont distribués dès l’entrée et plusieurs points d’information sont répartis à droite et à gauche pour orienter les futurs acheteurs vers les rayons désirés. On trouve de tout ici, de la friperie originale au T-shirt vintage, de la chaussure d’occasion aux pompes sorties du camion ou imitation de marque, des fausses plantes aux objets design pour refaire l’intégralité de la décoration de votre salon ou encore de la belle vaisselle pour recevoir vos invités voir même monter votre restaurant. Ce marché est tout simplement bluffant ! A ne pas rater.
A côté de ça, il faut avouer que nous avons été déçu par la soit disant légendaire offre ultra pas cher thaïlandaise. « Cheaper ?? » Pas vraiment, ce n’est plus ici que l’on fait les meilleurs affaires (le Vietnam est bien meilleur marché, nous avons raté le tir). Sommes-nous à ce point déconnecté de notre monde en France ? Acheter un jean à sept euro est-ce vraiment le plan du siècle ? Nous ne savons plus quel est le prix juste sur quoi que ce soit. Un curry c’est soixante bath, un point c’est tout. Alors peu importe, on se décontracte et on se fait plaisir ! Nous enchaînons les multiples achats à moins de six euros. Un point certain pour la Thaïlande, il y a un choix énorme et pour un peu que nous ayez la négociation dans le sang, ça reste une aubaine. Les jeans sont à huit euro (attention aux tailles… qui sont beaucoup plus petites que chez nous… Je suis passée du S au XL, y’a de quoi complexer !), des pull à trois euro et des T-shirt à deux euro. Nous ressortons de ce marché comme une majorité des asiatiques présents, c’est à dire, les bras bien chargés. La plupart d’ailleurs investissent en premier dès leur arrivée à Chatuchak dans une grosse valise à roulette afin de stocker leur emplettes. Mais dans quel monde avons-nous débarqué ? C’est assez impressionnant.
Nous aimons ce genre de marché, avec une si grosse profusion d’articles, des vendeurs toujours prêts à sortir leur calculatrice pour trouver le bon prix et une ambiance sur vitaminée.
Mais qui dit shopping, dit envoi de colis. Nous retrouvons désormais avec dix kilo de vêtements et tout un tas de souvenirs amassés depuis le Vietnam. Direction la poste de Bangkok après une course affreusement longue et un chauffeur (comme beaucoup dans la ville) pas très honnête avec nous. Nous avons deux colis de dix sept kilo cumulés à faire partir par cargo. Force est de constater que les démarches ne nous sont plus inconnues et des jeunes filles françaises sorties du même marché que nous – aux vues de la quantité de vêtement à renvoyer – bien plus frileuses et timides, nous demanderons des conseils. Elles ne nous demanderons pourtant pas pourquoi nous avions envoyé autant de colis dans autant de villes différentes en moins de un an. La poste chinoise restera la plus efficace, la plus rapide et la moins chère.
Voilà notre séjour à Bangkok. Il sera à la fois long et rapide. Une semaine dans cette ville résumée souvent par une longue liste de démarche « administrative ». Car après avoir allégé nos sacs à dos, nous devons courir à l’ambassade du Myanmar (Birmanie). Le bâtiment ressemble plus à une pièce de chantier en plastique qu’à un bâtiment officiel et ne fait pas franchement rêver. A l’intérieur, le nombre de voyageur en file comme nous à demander un visa non plus. On nous avait dit que le tourisme était peu développé dans ce pays ? Alors que nous sommes témoin d’une délivrance de deux cent visas en seulement trois heures ?… et ce chaque jour ? Bravo aux employés en tout cas qui assurent ! Obtenir son visa birman est définitivement très facile à Bangkok, en deux jours ouvrables et pour seulement 810 bath, le précieux papier est dans votre poche ! Aucun stress de notre côté pour une fois, on est loin du BSP chinois de Beijing…
On vous épargnera aussi les explications, les lignes à remplir, les photocopies, les lessives faites main (je sais, ça n’a rien à voir), les nombreux rendez-vous skype prévus en ces fêtes de fin d’années, etc. Notre séjour à Bangkok sera très chargé et ne nous aura pas vraiment permis de visiter la ville. Pas facile aussi quand chaque déplacement en taxi prend des proportions cauchemardesques. Rien que pour aller à l’ambassade du Myanmar (temps de trajet estimé par internet : quinze minutes), il nous aura fallu une heure quinze ! Bangkok est une succession infinie de bouchon de 8h du matin à 20h le soir, peut-être même la nuit. Mais nous n’avons pas testé, heureusement. Nous avons parfois passé plus de temps à l’arrêt dans les rues du centre dans notre voiture que sur le lieu désiré. L’organisation de la ville est infernale. Il y a du boulot et il y a urgence. Des petites rues en sens unique de tous les côtés, un réseau de transport en commun maigre et mal indiqué, des feux rouges qui durent plus de deux minutes, des changements de direction annoncés à la dernière minute et des centaines de taxis vides à la queue leuleu dans les bouchons. Nous prendrons un seul tuk tuk (l’original !) durant notre semaine et ce fut une vraie escroquerie. Nous n’arrivons pas plus à nous faufiler dans les bouchons mais nous respirons par contre les nombreux pots d’échappements et le prix est deux fois plus élevé qu’un taxi à compteur, même après négociation. Alors à moins de « surkiffer grave » le tuk tuk, préférez le taxi si vous avez le portefeuille creux.
Cela en est trop pour nous, besoin d’air. Nous écourtons notre visite dès que la visa birman fut en poche pour partir le temps d’un weekend hors de Bangkok, loin de cette ville étouffante aux habitants à la gentillesse douteuse, ne parlons pas de l’amabilité. Pour le moment le sourire thaïlandais fait défaut, nous sommes déçus. Fort heureusement, nous découvrirons vite que sorti de Bangkok, les habitants seront d’une gentillesse tout à fait charmante !
L’avantage de la capitale réside cependant dans sa situation. Sans parler des centaines de liaison avec le reste de l’Asie – un point stratégique indéniable, il y a à seulement deux heures de route de vraies merveilles et un accueil tout autre. Nous avions le choix entre Ayutthaya et le Kanchanaburi. Après de splendides temples à Angkor, nous sommes sceptique sur le choix premier. Par contre, une semaine dans la capitale siamoise polluée, nous fait aspirer volontiers à de la nature. Le Kanchanaburi sera notre escapade en amoureux pour deux jours !
Nous logerons chez un vieux fou expatrié d’origine canadienne (ayant probablement trop fumé des drogues illicites dans sa jeunesse) qui perd la boule mais sympathique en définitif. Le jardin est vraiment plaisant et la situation très isolée de toute vie a du bon lorsque l’on aspire à un weekend-nature. Mais peu de chance que vous puissiez y aller un jour, Stuart, le propriétaire nous a annoncé qu’il vendait son Ban Sabai Sabai Guest House. Si vous êtes intéressé…
Le Kanchanaburi est surtout connu pour son pont : le pont de la rivière Kwai (prononcé kouè, sinon vous dites « bœuf à eau » en thaï). Nous n’en connaissons que le nom tiré du célèbre film, film que nous n’avons même pas vu. Avis aux amateurs ?
L’histoire remonte à la Seconde Guerre Mondiale. A l’époque les Japonais tentait d’envahir la Birmanie à partir de la Thaïlande. Ils forcèrent des milliers de travailleurs à construire une voie ferrée, surnommée aujourd’hui voie ferrée de la mort, entre ces deux pays reliant Nong Pladuk (Thaïlande) à Thanbyuzayat en Birmanie (415 km). Mais le terrain particulièrement difficile, tropical et montagneux, emporta une grosse partie de la main d’œuvre à cause des nombreuses maladies présentes dans les camps des forçats, notamment la malaria. Les japonais ne s’arrêtèrent cependant pas ces détails là, quand des spécialistes leur annoncèrent cinq ans de travaux pour obtenir le chemin de fer, eux, annoncèrent qu’ils le feraient en seize mois. C’est ce qu’ils firent ! Aujourd’hui il ne reste plus grand chose de cette ligne de chemin de fer, quelques musées-témoins des atrocités réalisées et un pont reconstruit plusieurs fois et préservé à ce jour plus à des fins touristiques grâce à un « magnifique » petit train coloré pour le plaisir des flashs d’appareils photographique.
Une partie a été légèrement entretenu côté Thaïlandais permettant encore de faire circuler un vrai train utilisé par les locaux (une vieille locomotive est utilisé exclusivement pour le tourisme aussi) et de ne pas faire tomber dans l’oubli ces milliers d’ouvrier morts sur cet énorme chantier. Leur travail sert donc encore… Nous avons pu parcourir sur un trajet de trente minutes ce chemin de fer à bord d’un train, longeant parfois la fameuse rivière Kwai, parfois les champs agricoles du coin. Intéressant et région superbe. Au loin se dessine une chaîne montagneuse, une frontière naturelle avec la Thaïlande, derrière c’est le Myanmar. Nous sommes rêveurs, dans moins d’un mois nous y serons.
Mais le Kanchanaburi n’a pas qu’un aspect historique à nous offrir. Il recèle des richesses bien plus grandes à nos yeux de voyageurs. C’est une région encore peu visitée (si l’on peut encore utiliser ce terme en Thaïlande ?…) protégée par la création de plusieurs parcs naturels. Partout se succèdent montagnes, jungles, rivières, grottes et cascades ; un paradis pour les amoureux de la nature. Au programme donc, randonnée, trek à dos d’éléphant, rafting, baignades, observation de la faune et de la flore, nuit dans des bungalow en pleine nature, pêche, etc. Notre séjour dans la région fut improvisé à la dernière minute et seulement d’une durée de deux jours. Que faire ? Nous partons pour le parc Erawan (des bus locaux depuis la ville peuvent vous y déposer) dont l’entrée à 200 bath nous ouvrira les portes d’une des plus charmantes cascades observées durant notre voyage. Loin de la force éblouissante et déstabilisante d’Iguacu – rien ne sera plus pareil depuis – la chute d’eau d’Erawan est poétique. Comportant sept niveaux, l’eau descend tranquillement au milieu de la forêt particulièrement préservée – mais aménagée pour le tourisme – se faufilant dans des bassins à haute teneur en calcaire. Résultat : une eau d’un bleu pénétrant ! Envoutant !
Nous décidons de grimper jusqu’au cinquième niveau directement puis de redescendre petit à petit et de profiter d’un bain bien mérité dans chaque bassin.
Entre le niveau cinq et quatre, un joli petit coin peu fréquenté nous appelait. Je me presse pour me jeter à l’eau, Fabien se jette lui sur l’appareil photo pour immortaliser ce petit moment de bonheur. Quand… Je hurle de surprise… « Un truc viens de me mordre le pied ! »
Quoi ?
« Encore un truc… y’a des poissons qui me mangent les pieds. Au secours ! » Je sors de l’eau rapidement, paniquée. Fabien se moque de moi et tente l’expérience. Il crie lui aussi puis rigole « Aïe ! Ils me chatouillent les pieds… Regardent ils sont au moins quinze sur mon pied droit ! »
Fais attention au gros poisson qui fonce droit sur toi, il a pas l’air aimable lui…
Comme quoi, pas besoin de payer pour se faire une pédicure à base de poisson mangeurs de peaux mortes, il suffit d’aller se baigner à Erawan. Et je constate que je n’aime pas ça, mais alors… pas du tout ! Ici les poissons sont trop gros par rapport aux bassins exposés dans les rues et vous mordillent sacrément les pieds, les jambes, les cuisses, les mains, le corps quoi ! Je ne savais que ces bestioles s’attaquaient à l’intégralité de notre corps. Une fois l’angoisse première passée, je me jette à l’eau, en battant fort des pieds pour éviter qu’ils se ruent sur moi et là, nager dans ces eaux cristallines de la cascade devient un pur régal.
Nous y resterons quatre heures, parmi des dizaines d’autres touristes et pas mal de locaux venus profiter des multiples piscines naturelles. Nous avons passé un super moment là bas.
Pourquoi n’a-t-on pas des trucs comme ça en France ?
Nous quitterons le Kanchanaburi aux anges. Bien que notre escale n’ait duré que deux jours, nous avons découvert une région aux paysages superbes, riches en faune et en flore, bien préservée et aux habitants très souriants. Difficile de rentrer à Bangkok après cela… heureusement, nous ne repassons dans la capitale que pour…
prendre un avion vers des horizons plus paradisiaques !!
Notre pays « la france » renferme de nombreuses
cascades…le problème c’est la tempétature de l’eau qui en montagne n’est pas franchement acceuillante…..
Jacky
C’est vrai, la température de l’eau était de 30 degré ce jour là à Erawan… et l’eau était d’un bleu ! Un bleu calcaire digne d’une carte postale. Sans compter la jungle tropicale tout autour… J’ai adoré cet endroit. J’ai adoré la Thaïlande en général.
Le Pont de la rivière kwai , mémorable film qui a bercé notre jeunesse ( sorti en 1957 avec l’acteur Alec Guiness )
Qui n’ a pas sifflé sur la bande son » Hello , le soleil brille , brille , brille ..Hello tu reviendras bientôt … !
Ah oui !!! Fabien vient de me siffloter l’air de la chanson ! Je connais, évidemment !
Qui ne l’a pas siffler au moins une fois ?… Je suis entièrement d’accord avec toi. Merci pour ce petit cours de cinéma.