Concentration extreme. C’est pas compliqué, c’est comme rouler à Los Angeles, mis à part qu’ici il fait nuit. Tranquille. Mince, je pensais que c’était plus petit quand même. Les immeubles se suivent et se ressemblent. Tourner à droite, mais à quelle sortie déjà? Oui, vaaaaas yyyyyyy, double par la droite, pendant que l’autre double par l’autre côté! J’ai manqué la sortie, c’est sûr.
« J’ai manqué la sortie, là, non? »
Non, je t’ai dit que c’est la quarante-deux, on vient de passer la vingt-neuf. » elle me répond.
Bon, ça va. Fiouuuu… mais qu’est-ce qu’il peuvent tous foutre ici?! Y’a rien, c’est un désert, il fait chaud nuit et jour, y’a rien à des centaines de kilomètres à la ronde… Merde, c’est la trente-trois déjà? J’aurais dû regarder sur Google Street à quoi ressemble l’hôtel, sur le site on ne voit que l’intérieur…
« C’est la prochaine! »
Déjà?
« Déjà? » je lui demande.
« Oui. »
On y était. Enfin.
Las Vegas, la cité du Vice était là, dehors, brillante tel un phare dans la nuit, existante plus que les habituels mirages du désert dans lequel la ville a été bâtie. Entourée de bases militaires et de zones d’essais d’armement, on pourrait se demander l’intérêt d’y venir, si on ne connaissait pas la réputation de la cité (ce qui est presque impossible à moins de vivre dans une grotte depuis ces cinquante dernières années). Et nous y voici. Notre hôtel-casino est le Circus-Circus, à l’entrée de Las Vegas. De fait, nous n’avons pratiquement rien vu de la ville ce soir, mais il est tard et nous n’avons que deux envies, manger et nous reposer.
Nous reposer, facile, une fois l’enregistrement accompli et la chambre trouvée dans ce dédale de couloirs tristement vides, mais comment manger? La réponse sera vite trouvée : le Circus Circus, comme tous les autres casinos de Vegas, est une « ville dans la ville » : boutiques et restaurants sont compris dans les locaux, inutile de sortir pour trouver tout ce dont on a besoin. Ce soir, ça sera hamburger pour tout le monde ( je me vengerai ce soir là d’un défi raté…), puis dodo.
Le lendemain en fin de matinée, nous nous préparons pour affronter la chaleur : si depuis la veille nous avons vécu dans un frais remarquable (tout le bâtiment étant climatisé et n’ayant pas mis les pieds dehors), nous savons qu’il n’en est pas de même à l’extérieur, et nous ne serons pas déçus. Nous prenons la voiture et partons pour notre première destination : Venise. Précisons pour ceux qui ne le sauraient pas que beaucoup d’hôtel-casino de Vegas possèdent un thème : souvent une ville (le New York-New York par exemple), un pays (le Bellagio sur le thème de l’Italie) ou un thème varié (le golf au Wynn).
Nous arrivons assez vite au Venetian, sur le thème de La Sérénissime, et découvrons la reproduction (pas mal exagérée, mais c’est pour plaire au touriste Américain n’ayant jamais mis les pieds là bas) de ses canaux, ses ponts les plus célèbres et évidemment le Campanile, l’hôtel reprenant lui les codes architecturaux du Palais des Doges.
Nous nous retrouvons dans la Rome antique en traversant la rue et son intense chaleur , pour entrer dans le Caesar Palace, et ses colonnes démesurées, ses fontaines animées (sauf quand on vient et qu’elles sont en maintenance…) Ici, comme dans le Venetian, tout n’est que luxe et opulence, les boutiques Dior s’enchainent à celles de Vuitton et celles de Saint Laurent (cocorico au passage). Au final, nous passerons dans ces deux casinos plus de temps à marcher dans les longs couloirs remplis de boutiques qu’à regarder : tout est grand, rien n’est indiqué : c’est une des méthodes pour retenir un joueur dans le cercle de jeu : ne pas lui indiquer la sortie, ne pas lui montrer que le temps passe (ou les créateurs des ces bâtiments sont des vampires, situation au final crédible).
En sortant, de nouveau nous voici assaillis par la chaleur, et nous jonglons entre les différentes entrées de casinos pour garder le frais et ne mettre qu’au minimum les pieds dehors, et très vite nous retrouvons le véhicule pour partir un peu plus loin, mais toujours en Europe, et plus précisément dans la ville qui nous a accueilli durant plusieurs années : Paris!
Pour aller nous garer (tous les lieux de jeu ont un espace de stationnement gratuit, pour nous inciter à venir jouer chez eux) nous passons par… La place de l’Étoile et l’Arc de Triomphe évidemment! Décorée à l’occasion par une affiche d’un grand chef Français Anglais?! Qu’est-ce que c’est que ce bazar?? peu importe, nous y allons, et à l’intérieur, découvrons Paris tels que nous ne l’avions jamais vu en plus de six ans dans la capitale (enfin, peut-être n’avons-nous pas été dans les bons quartiers…).
Toutefois, nous nous promenons dans les rues de « la capitale », avant de déboucher au pieds de la tour Eiffel, et là, quelle surprise! L’opéra Garnier (mixé avec le Louvre) est coincé sous la dame de fer! Le ballon des frères Montgolfier est présent Et au fond… Oh mon dieu!
Hausmann se retournerait dans sa tombe s’il voyait cet immeuble de 112 mètres de haut (à vue de nez, quelques 35-40 étages! Si vous ne savez pas pourquoi, relisez-donc ici!). Bon, c’est quand même amusant de se voir propulsé en France comme ça!
Plus tard, on visitera aussi le MGM Grand, appartenant au même groupe que les producteurs de films au lion rugissant, immenses salles de jeux (on ne s’est « presque » pas perdus et pourtant il aura fallu marcher plus de vingt minutes pour le traverser!) situé en face du New-York New-York, ce qui nous rappellera quelques souvenirs, avant d’aller au grandiloquent Luxor, un hôtel construit entièrement dans une pyramide Egyptienne (mais recouverte de verre teinté, un peu de classe quand même!) avec ses presque quatre mille chambres et ses bâtiments construits dans la pyramide, cette dernière étant placée derrière un Sphynx-entrée de parking en meilleur état que l’original.
Mais passé le côté purement décoratif des lieux, je sais qu’une question vous brûle la langue : avons-nous joué notre argent et mieux, avons-nous gagné une somme assez coquette pour qu’on puisse vous offrir un restaurant en rentrant? (Ne faites pas les innocents, on a bien compris)… Vous le saurez plus tard!
Nous attendrons le soir pour ressortir : plus frais (difficile de faire plus chaud en journée de toute façon!), les immeubles se parent de leurs habits de lumière, spectacle que nous ne voulions pas manquer, ainsi que deux autres : le premier a été rendu célèbre (pour nous en tout cas) par la scène finale du film « Ocean 11″ : les fontaines du Bellagio, dansant dans un ballet féérique sur le rythme de musiques variées. Nous arriverons un peu en Avance pour nous voir offrir un show son, eau et lumières sur un air du King parfaitement approprié : « Viva Las Vegas! ».
Le second spectacle est un peu moins connu et situé dans Old Las Vegas : il s’agit de la rue recouverte d’écrans géants de Fremont Street! Un étonnant film de quelques minutes est diffusé toutes les heures de la soirée, sur toute la longueur de la rue : pas moins de 550 000 watts d’électricité gaspillés consommés pour notre plus grand plaisir, à coup de couleurs flashy et de sono à fond, entre les casinos locaux, les boutiques et la tyrolienne au dessus des passants médusés par les cris de ces demoiselles s’envolant avec terreur au dessus de nous ; détail amusant, le film que nous avons vu était sur Jim Morrison, (l’artiste, pas l’oncle)!
Quelques heures après le lever du soleil, nous voici prêts au départ, check out fait, valises dans le coffre. Prêts? Non, pas tout à fait : Nous avons passé, Élodie et moi, un moment à Adventuredome, un parc d’attractions situé dans l’enceinte du Circus-Circus, notre hôtel. Nous sommes encore trempés du premier manège que nous avons fait, une « rivière canadienne » (un manège dans l’eau) dont nous n’avions pas prévu la force de projection d’eau, et le chemin n’est pas aussi simple et droit que prévu depuis que nous avons mis les pieds dans la montagne russe locale, et nous voici, avec Francine et Jacky, assis devant les bandits-manchots du casino, à flamber sans compter dépenser la somme folle de huit dollars pour quatre! Dépenser car nous ne ferons que fructifier les investissements du casino, et nous n’aurons pas le plaisir d’offrir le restaurant à qui que ce soit avec nos zéro dollar de gains!
Après cette (presque) profitable aventure, nous nous sommes mis en route pour Lone Pine (le Pin Solitaire…), un petit village de l’autre côté de Death Valley, ou Vallée de la Mort en bon français. Alors, que dire sur cette route, si ce n’est qu’elle traverse un terrible désert?
Nous nous y engagions avec prudence, après avoir investi dans un gallon d’eau supplémentaire, et, relativement peu de temps après nous y être engagés, nous croisions le panneau indiquant que nous ne nous étions pas trompé de chemin.
Au début, ce qui frappe ce n’est pas le paysage, mais bien la chaleur, sèche, étouffante, vraiment brûlante, bien au delà de ce que j’imaginais, bien au de la des 120° Fahrenheit (environ 49° C) indiqués par le thermomètre de la voiture, enfin… j’imagine.
Le nombre de pauses est limité, et ces dernières sont courtes : inutile de dire que nous cuisons dès que nous mettons un pied dehors! Nous roulons, donc, en lisant le journal des Rangers, qui décrit la faune et la flore locale (nous ne verrons ni l’une ni l’autre) et les ballades à faire (…en hiver seulement!) avant de découvrir au loin…
C’est pas un mirage devant?
« Je vois pas un mirage devant? »
« Quoi, au fond? Ah oui, on dirait des dunes… » elle me répond. « Ce sont des dunes, c’est marqué ici! Et les Rangers ne recommandent pas de s’en approcher par cette température! »
« J’en ai pas l’intention! »
Il y avait des dunes de sable, le Sahara au beau milieu du Nevada. C’est beau, mais c’est terrifiant : quel est ce pays qui a un désert de sable? On suivra les conseils des Rangers et on n’ira pas plus près que le rebord de la route (et en plus, quelle chaleur!), et après quelques photos on repartira pour le mini-village central avec son camping et sa boutique, pour y faire halte, avant de poursuivre la route.
Du haut d’un sommet, on aperçoit en bas des formes étranges : un nouveau lac asséché : ni une ni deux, on s’y arrête, on observe cette terre craquelée, on prends des photos, on se questionne sur la présence d’un lac ici… Puis, encore une fois, on repart vers notre destination.
Bon, alors concentrons-nous, l’hôtel ne doit pas être loin… J’aime pas rouler de nuit! Là!
« Là! », dis-je en pointant un panneau d’hôtel de doigt.
« Non », me répond-elle, « nous on cherche un best-western « plus », ici il n’y a pas de « plus » « .
« Ah. » puis, deux minutes plus tard « C’est ici alors? »
On y était. Nous avions survécu à la Vallée de la Mort, traversé la cité du vice sans y perdre nos plumes… Deux endroit en décalé par rapport au reste du pays, au reste du continent même. Deux endroits qui resteront dans nos mémoires. Et deux semaines déjà, la moitié du voyage dans l’Ouest Américain. Mais, que de choses vue, que d’aventures vécues, et tant d’autre a voir! Décidément, ce pays est vraiment plein d’attrait…
Tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas ! (Very Bad Trip)
Excellente citation parfaitement à propos!
Las Vegas ! une cité folle perdue dans un désert ou la chaleur a fait perdre la tête a ce monde qui n’ai que le reflet de notre futur monde si vous continuez
« a jouer a ce petit jeu » …attention ce futur nous guette !
Jacky
Cet article me rappelle énormément ma visite de Las Vegas il y a maintenant 2 ans. Que de souvenirs ! Nous avions passé la journée à Rachel, ville la plus proche de la Zone 51, par contre.