Une faible lumière s’en va, paisiblement, naviguant sur l’eau qui reflète sa si maigre lueur dans des centaines de vaguelettes créées par le courant. Tout autour de cette bougie, nos vœux les plus chers, que la lanterne est chargée de porter et d’exaucer. File, petite lueur, et rejoint les dizaines d’autres qui courent le long du fleuve, elles aussi porteuses de souhaits. File et porte-nous bonheur!
Tout le long du fleuve, et dès notre arrivée dans le bus bondé de passagers venant pour la même chose que nous, nous suivions une succession de lampes accrochées pour l’occasion, et nous étions prévenus, ici on n’est pas chez des amateurs, mais bel et bien chez les professionnels de la lumière encartonnée : bienvenus au Festival des Lanternes de Jinju.Petit rappel historique pour ceux qui se seraient endormis en cours lors des leçons d’histoire médiévale coréenne : en l’an de grâce 1592, le pays est envahi par le Japon, l’équivalent coréen de notre perfide albion. Le cœur de la fameuse bataille de Jinjuseong se rapproche de la forteresse de Jinju, les militaires sont occupés à repousser l’envahisseur, et les civils à se cacher, quand quelques uns d’entre eux utilisèrent des lanternes flottantes pour avertir les soldats en aval de la rivière Namgang d’un danger imminent, ce qui permit la victoire de cette bataille… mais pas de la guerre.
De nos jours, il n’est plus question d’avertir une quelconque force armée (et même si, encore une fois, l’analogie France-Angleterre est de mise tant les relations Corée-Japon sont de nature « Je t’aime -moi non plus »), mais plutôt de souvenir, souvenir de cette glorieuse victoire, souvenir de cette guerre fratricide des années 1950 qui divise encore le pays en deux entre le nord et le sud au niveau du 38ème parallèle, et l’espoir de voir un jour les deux entités se ressouder. Et comme pour enfoncer le clou, de centaines de lanternes porteuses de ce voeu et de centaines d’autres qui intéresseront plus les vies quotidiennes de chacun, suivent le chemin de la rive pour exaucer les souhaits.
Le festival se déroule donc autour de la rivière Namgang, large et traversée par plusieurs ponts, permettant d’accéder facilement aux deux rives (enfin, « facilement » est un bien grand mot, tant la foule est dense dès les dernières lueurs du soleil disparues). Tout le long des rives, des étals variés vendent de la nourriture « du monde » et des objets aux utilités variées, ainsi que des manèges pour petits et moins petits, comme une fête foraine. Quelque uns des baraquements sont plus orientés sur le cœur du festival, mais on y reviendra plus tard. Ce qui compte au début est déjà sur les flots (ou presque) : des centaines de lanternes géantes – souvent deux mètres de haut et/ou de long, qu’on peut considérer comme des œuvres d’art tant le travail réalisé parait titanesque, que se soient des figures divines, humaines ou littéraires.
Une partie des lanternes est réalisée par des professionnels qui financent le travail des artistes (du mécénat) et une autre partie de ces lanternes est issue d’un processus intéressant, un concours annuel entre les différentes universités de la région, qui doivent rivaliser d’imagination chaque année pour créer une sculpture sur un thème imposé, cette année les dessins animés.
Nous marcherons un moment, observant les différentes structures éclairées au fil de l’eau, dont la série des pays du monde, des figures mythologiques, mais aussi celles des super-héros, et donc, comme dit auparavant, celle des dessins animés.
D’autres oeuvres, plus « interactives », se trouvent sur les bords, des jeux illuminés pour les enfants ainsi qu’un éléphant battant des oreilles accompagné par un impressionnant dragon crachant des flammes par intermittence, tandis que d’autres lanternes se « fondent » plus dans le décor : les dizaines de soldats en armures de la Corée médiévale encadrent l’escalier menant au palais de la forteresse de Jinju, tandis que d’autres, dans la cour du château, s’entrainent aux armes, aux instruments de musique… Enfin bref, de multiples sujets récoltés au fur et à mesure des éditions de la fête.
Récoltées et accrochées aussi, des milliers et des milliers de lanternes le sont, avec autant de voeux accrochés, pour former un énorme tunnel qui semble se prolonger à l’infini, au gré de ses plus de vingt sept mille ampoules qui donnent à l’endroit une touche magique, féérique. Un tunnel dont on ne veut pas s’échapper. D’abord dominé par un modèle de lampe précis, il est peu à peu envahi par des structures aux formes originales : poissons, soleils, téléphones ou bien « Bob l’Éponge »… Et si nous accrochions la notre?
Alors nous voilà partis pour concevoir notre propre lampion à accrocher dans le tunnel, mais quelle forme adopter? Simple, ronde, carrée ou plus compliquée? Très vite on se décide, et sans doute pas avec l’aspect le plus simple : la tour Eiffel (il apparait souvent très vite que nous sommes français, par notre couleur de peau ou notre accent…).
Des quatre vingt dix minutes qu’on s’était fixé initialement, nous sommes passés à plus de trois heures, aidés en plus par l’équipe, enthousiasmée par une idée originale et un défi intéressant. Le résultat, s’il est moins proche de la réalité que ce que nous avions imaginé, nous a quand même plu!
Et puis… il y a ces lanternes par dizaines dérivant sur la rivière devant nous… Comment résister? Nous allons donc à un des baraquement et très gentiment on nous explique la démarche à suivre (soit : écrire un vœu sur un papier, et l’accrocher sur la lanterne, écrire un deuxième vœu sur un papier et le fixer… etc.). Nous prenons, Élodie et moi, une lanterne chacun, y inscrivons nos souhaits, avant de nous approcher de l’eau.
Une femme allume la bougie puis un homme, avec une sorte de perche, les dépose, l’une après l’autre, en prononçant alternativement en Coréen et en Anglais : « Que vos vœux se réalisent ».
Nos aventures en Corée se finiront bientôt, encore plus au Sud, à Busan, la deuxième ville du pays en nombre d’habitants, mais elles nous aurons marqué, et nous garderons un souvenir formidable de ce petit pays , de sa culture, mais surtout de ses habitants, d’une politesse et d’une gentillesse comme nous n’en aurons jamais croisé jusqu’à maintenant, d’un accueil fantastique et prêts à tout pour aider!
La lanterne porte-vœux et porte-bonheur n’est bientôt plus distinguée parmi les milliers d’autres qui dérivent dans le fleuve, créant une rivière de lumière, un spectacle magnifique. Nous apportera-t-elle tout ce que nous souhaitons? Seul l’avenir nous le dira. Les seules choses à faire sont y croire… et s’employer à ce que nos vœux se réalisent!
Quelle féerie cette féte des lumiéres !
Quel beau spectacle !
Que vos souhaits se réalisent ! ……
Le temps d’une soirée, nous sommes allés sur ces rives magiques, un spectacle maintenant pour la paix qu’on souhaiterait être vu par tous les enfants du monde!
Pour nos souhaits, on y travaille!
Sin chao !
Simplement pour vous dire que vous êtes adorables sur la photo avec chacun votre petite lanterne…. si adorables que le diable coréen doit sourir à tous vos voeux …..cela nous rappelle notre nuit de la pleine lune à Hoann où le fleuve couvert de lampions , laissait échapper nos voeux depuis 3 ans bien accomplis…
Pap
Hoi An, ne t’inquiète pas, on y sera quelques semaines après (… mais ça tu le sais maintenant, vu que je réponds avec presque un mois de retard!)
Coucou ! Excellentes les lanternes géantes. J’ai même aperçu Bob l’éponge ^^
Si vos voeux se réalisent, je file direct en Corée !
Bisous
Bob l’éponge, un paquet de clope géant, des poissons de tous les formats, des fleurs, des Iphones géants, des Transformers, Donald, Mickey & consorts aussi… Il y a de tout dans ces lanternes!
Et méfie-toi, prépare une réserve pour t’offrir un voyage en Corée!